La contrefaçon n'est pas une chose rare dans notre pays. Massimo Dutti, Zara, Mongo, Carven, Cerruti et autres sont des marques européennes dont les prix avoisinent le SMIG algérien. Une véritable paire de bottes Zara ne se vend pas à moins de 150 euros en France, alors qu'elle est soldée à 1000 DA en Algérie. Une différence de prix qui fait douter sur l'originalité du produit. Comment ces magasins se procurent-ils cette marchandise de marque et la vendent à aussi bas prix ? Et comment le gouvernement algérien effectue son contrôle-qualité et punit la contrefaçon ? Selon Lamari Youcef, directeur du commerce de la wilaya d'Alger, les lois algériennes sur les produits importés sont très ponctuelles. Plusieurs contrôles sont effectués sur le territoire algérien. Un premier a lieu au niveau des douanes du port et de l'aéroport d'Alger, qui effectuent des vérifications du point de vue de la conformité et de l'originalité des produits importés. Chaque importateur doit être en possession d'un certificat d'origine du produit délivré par le siège de la marque. Un autre contrôle est effectué sur le terrain et vise les magasins et les revendeurs de marchandises de marque, ces derniers doivent être en possession de tous les documents qui certifient la conformité de leurs produits. Mais le seul moyen pour intenter un procès judiciaire à un vendeur de contrefaçon, c'est celui par lequel la personne ayant toute l'exclusivité de la marque en Algérie dépose plainte contre le receleur. Le directeur du commerce nous a aussi confié que l'élément révélateur dans la chasse à la contrefaçon sera le prix. Il est impossible de trouver des produits comme des parfums, des vêtements et de la maroquinerie à un prix dix fois inférieur à celui établi chez les vendeurs européens. «Si le parfum d'un grand créateur est vendu à moins de 3000 DA, il faut se dire qu'il est faux. Le prix est le vrai indicateur de la fraude», précise M. Lamari. Au niveau des commerçants, même si la plupart restent silencieux, d'autres déclarent : «Cette politique de prix est établie en fonction du niveau de vie des travailleurs algériens.» Selon eux, ils n'est pas convenable de vendre des produits en Algérie en fonction des prix à l'étranger, et c'est pour cette raison que ces commerçants achètent sur les lieux de production de grandes firmes, dans des pays où la main d'œuvre est bon marché, ce que les distributeurs européens ne veulent pas vendre. «On vend essentiellement des produits dégriffés et d'anciennes collections», nous a déclaré le vendeur de Black and White, dans un magasin d'Alger-centre. «On pratique ces prix-là, non pas parce que notre marchandise est mauvaise, mais parce que certains de nos produits ont des défauts et que les étrangers ne veulent pas l'acheter», poursuit-il. Même si ces produits restent encore chers et très demandés, certaines enseignes ont du mal à s'installer dans notre pays, plusieurs d'entre elles, comme l'enseigne Etam, ont fermé leurs établissements en Algérie, faute d'une pratique de prix trop élevée. Le consommateur, véritable acteur de cette situation, ne semble pas indigné de cette incertitude face à l'originalité ; l'essentiel, selon lui, est d'acheter le sigle de la marque. Il est très difficile de cerner ce problème de fraude, car lorsque l'on connaît le marché de la mode et sa politique des prix, il reste, même après des démarques de prix, inconcevable de vendre un jean's Dockers à 2000 DA dans certaines boutiques d'Alger.