Comment avez-vous élaboré la stratégie communication du Panaf' 2009 ? Nous avons établi une stratégie en trois cercles concentriques. D'abord, nous nous sommes dit que c'est un événement qui va avoir lieu en Algérie et qu'il est indispensable que la presse nationale, l'opinion nationale, puisse épauler du mieux qu'elle pouvait cet événement. Nous avons donc établi des liens avec les journaux, distribué le matériel d'information, organisé des conférences de presse à plusieurs reprises et à plusieurs niveaux. C'est une sensibilisation qui a, sur ce point précis, été entendue. Nous avons plus de 2000 demandes d'accréditation de la presse nationale. Des journaux ont envoyé des listes de 20 journalistes et photographes. C'est magnifique. Nous allons avoir un écho important pour le Panaf' pour autant que le festival contienne de la qualité et de la substance. Il ne s'agit pas de brasser du vent, mais de rendre compte de choses intéressantes qui peuvent se produire. Deuxième cercle : les médias d'Afrique. Nous avons organisé à Alger un atelier de deux jours auquel nous avons invité les directeurs généraux des principaux médias lourds africains. Ces responsables ont pris un engagement vis-à-vis de cette manifestation pour pouvoir à leur tour lui donner l'écho qu'il mérite. A cette occasion, nous avons signé ce que nous avons appelé la Déclaration d'Alger, par laquelle les principaux médias africains s'engagent à venir. Et, de fait, à ma connaissance, c'est la première fois qu'il va y avoir une aussi grande concentration de journalistes africains sur un événement africain de nature culturelle. Combien de journalistes africains avez-vous accrédité ? Nous en sommes à 250 journalistes accrédités. Pour la première fois, nous allons avoir le son et l'image qui concernent l'Afrique produits par les Africains. Ce dont on se plaint tout le temps, c'est que nous disons que ce sont les autres qui nous regardent. Maintenant, on va essayer de nous regarder nous-mêmes. Certains ont dit que si les grands médias occidentaux ne sont pas présents, cela ne sert à rien. Pour eux, la présence de journalistes africains n'est pas importante. Ils ont tort. Rassembler des journalistes africains autour d'un fait africain est extrêmement important. Cela dit, le troisième cercle de notre stratégie a été de cibler les organes de presse européens et américains. Nous avons pu intéresser des médias. Pour les Européens, il est évident que les pays qui disposent de capacités à revenir vers l'Afrique sont la France et la Grande-Bretagne. Le continent est dominé par le français et l'anglais, en plus de l'arabe et du portugais, donc nous avons travaillé dans cette direction aussi. Avec certaines chaînes de télévision, comme TV5 Monde, nous avons établi un accord de partenariat. De grosses équipes vont nous accompagner, des émissions seront délocalisées à Alger… De tout cela, nous attendons des retombées utiles. Quelles sont les principales chaînes de télévision qui vont assurer la couverture ? Des chaînes généralistes britanniques, belges, allemandes, françaises, espagnoles et italiennes ont marqué leur intérêt. A l'image de TF1, M6, BBC, RAI, ARD, RTBF (…). La demande des médias arabes est forte. Il y a un nombre appréciable de médias saoudiens. Les chaînes arabes satellitaires seront présentes en force à Alger. Si l'on ajoute les correspondants à Alger des agences, radios et télévisions, nous pourrons compter sur la présence de 300 médias, peut-être plus. La liste n'est pas encore close. Vous avez édité une revue pour présenter le Panaf' 2009… Pour ce travail-là, nous avons décidé de faire trois volumes. L'un a été réalisé et distribué, l'autre sort à la veille de l'ouverture du Panaf'. Dans ces deux numéros, nous avons des contributions de poètes et écrivains africains et non africains de haut niveau. Le troisième volume sera édité après la manifestation. Il sera la substance de ce qui a été vécu durant le festival. Il sera fabriqué sous forme de coffret qui contiendra « la mémoire » du Panaf' 2009. Tout le monde raconte des choses, vraies ou fausses, sur le Panaf' de 1969. C'est surtout la mémoire de ceux qui sont vivants et qui ont tendance à magnifier tout ce qu'ils ont vu ou juste entendu, mais il reste peu de traces écrites. Avez-vous pensé à réaliser un grand reportage sur le festival ? Plusieurs pistes ont été retenues, dont la principale est un film sur le Panaf', à la manière de ce qu'a fait William Klein en 1969. Mais le travail sera différent. Il faut se dire une chose et la répéter : il est infiniment plus difficile d'organiser les choses quand vous avez affaire à 51 Etats participants par rapport à il y a quarante ans. A l'époque, des combattants pour la libération sont descendus du maquis pour participer avant de reprendre les armes. L'organisation est différente, le contexte est différent, la texture du programme est différente. Nous entendons des remarques du style « le programme n'est pas encore là ». Jusqu'à la veille de l'ouverture, certains pays n'ont pas envoyé la liste exacte des participants et à quel segment culturel ils entendent prendre part. Il s'agit d'Etats souverains à qui on demande de participer et qui disent : « Pour montrer ce que j'ai de mieux, c'est à moi de choisir. » On ne peut pas imposer des artistes ou des auteurs. Les difficultés proviennent de cela. Comme un puzzle, les pièces s'assemblent les unes aux autres...