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Vivre en quarantaine à El Kettar…
Publié dans El Watan le 09 - 12 - 2009

Pourtant, elle se relève à peine d'une grippe A. Oui : le fameux virus H1N1. Elle l'a ramené dans ses bagages, de retour d'un voyage au Maroc début novembre, subodore-t-elle. Si son corps a parfaitement repris ses fonctions, elle semble néanmoins avoir accusé le coup sur le plan émotionnel tant l'épreuve fut pénible. «A la fin du mois d'octobre, je suis partie au Maroc pour un voyage d'affaires», raconte cette jeune femme de 27 ans, cadre dans une entreprise privée à propos de laquelle elle préfère ne pas livrer trop de détails. «Nous étions toute une délégation et il a fallu que ça tombe sur moi !», rage-t-elle. «Pourtant, le séjour au Maroc s'est déroulé dans d'excellentes conditions. La restauration et l'hébergement étaient impeccables. Une seule fois, j'ai pris un jus d'orange sur une place publique à Marrakech, en me promenant du côté de Jamaâ El Fna. En tout cas, tout au long de mon séjour marocain, je n'ai rien ressenti d'anormal, si ce n'est que je n'ai pas supporté l'humidité à Casa car je suis asthmatique.» Le voyage de Samia se passe donc sans la moindre anicroche. «En rentrant à Alger, je n'ai rien ressenti de particulier. Je n'avais pas de fièvre. J'étais juste un peu fatiguée et j'étais presque aphone. Pourtant, j'ai été scannée par l'appareil de détection thermique de l'aéroport et ils n'ont rien relevé.» «Le lendemain, poursuit Samia, je suis allée au hammam. Aucun symptôme ne s'est manifesté ce jour-là non plus. Le jour d'après, les douleurs ont commencé. J'ai passé une sale nuit. J'avais un pic de fièvre et je tremblais. J'ai dû utiliser trois couvertures et trois joggings, et malgré cela, je continuais à trembler. J'avais des courbatures atroces, comme si on m'avait scié les jambes à la tronçonneuse, et j'avais la toux très sèche. Le matin, une cousine médecin m'a emmené à l'hôpital Mustapha. Le service des urgences était submergé. C'était l'anarchie totale. Je n'ai eu affaire qu'à des internes, des stagiaires qui ne savaient même pas prendre la température. Dès que j'ai dit que je revenais du Maroc, tout de suite ils ont pensé 'grippe porcine'. Il y a une présomption de grippe A dès qu'on prononce le mot 'voyage'. Pourtant, les symptômes étaient mal évalués». C'est ainsi que la patiente est inévitablement orientée vers El Kettar. Sa hantise était de contenir au maximum le risque de contagion intrafamiliale. «Ma plus grande appréhension était de contaminer ma sœur et son bébé de 4 mois», confie-t-elle.
Entre la prison et le cimetière
Samia est évacuée à El Kettar par son fiancé, toujours accompagnée de sa cousine. La chaîne de prévention, on le devine, est rompue d'entrée. A l'hôpital d'El Kettar, le calvaire de Samia commence proprement. «J'ai dû attendre un bon moment avant d'être examinée par un maître-assistant en bavette. Il m'a posé quelques questions avant de procéder à un prélèvement naso-pharyngé. Au terme de son diagnostic, il a conclu que j'étais à 80% atteinte de la grippe porcine. Cela m'a mise en état de choc. J'ai commencé à pleurer, j'étais effondrée.» Le protocole de mise en quarantaine est entamé. Admise en fin de journée, Samia se voit placée en isolation totale dans une chambre «lugubre». «Ils m'ont aussitôt informée qu'ils devaient me garder jusqu'à ce que les résultats de l'Institut Pasteur tombent», continue l'ex-pensionnaire d'El Kettar. Samia se retrouve alors dans un pavillon sinistre, à 20h, instantanément coupée des siens. «J'étais seule dans ce pavillon. J'étais très angoissée. Une simple cloison transparente me séparait des salles où sont gardés les malades atteints du sida, de la méningite et de la tuberculose. Ça vous donne froid dans le dos.» Mais ce qui choque Samia par-dessus tout, c'est l'état physique de l'établissement et les conditions d'hospitalisation des patients. «La chambre puait une forte odeur de toilettes. Le matelas était couvert d'auréoles noires. La taie d'oreiller était sale. Sur un des murs dégoulinait un filet de morve fossile. Il y avait des moustiques écrasés sur la paroi. J'ai eu droit à une couette soi-disant désinfectée mais je n'ai pas eu le courage de l'utiliser. Toute la chambre était glauque et accentuait ma terreur, moi qui étais déjà affolée par mon état de santé, surtout avec toutes ces infos alarmantes sur les dégâts de la grippe A. Les toilettes étaient dégueulasses. J'ai exigé qu'on les nettoie convenablement. La femme de ménage l'a mal pris et a bâclé son travail, alors j'ai demandé qu'on me ramène de l'eau de Javel et j'ai curé les WC toute seule. J'ai insisté également pour qu'on me ramène une literie complète de la maison, mais la direction de l'hôpital s'y est fermement opposée, arguant du fait que seul le matériel de l'hôpital était autorisé. J'ai obtempéré, mais il était hors de question pour moi de dormir dans ce lit répugnant.» Acceptant son sort avec résignation, Samia se résout à occuper tant bien que mal l'espace qui lui est imparti. Elle ouvre sa fenêtre et c'est un spectacle des plus désolants qui s'offre à elle. «Je me sentais dans la peau d'une détenue. J'ai poussé les volets et j'ai vu la morgue en face. Je me suis retrouvée encastrée entre la prison de Serkadji et le cimetière d'El Kettar. Seul le spectacle de la mer me consolait de toute cette sinistrose.»
Une longue nuit cauchemardesque
On l'aura compris : cette première nuit sera vécue comme une punition par notre amie, qui s'entête à ne pas toucher au lit métallique censé lui apporter un peu de repos. «J'ai passé presque toute la nuit vissée sur une chaise. Il régnait sur l'hôpital un silence angoissant. J'avais très peur. Il y avait juste une télé disposée dans un couloir, protégée par une cage métallique. C'était affreux. Je n'ai pas touché à la nourriture que ma famille m'a amenée. Je n'avais le cœur ni à dormir ni à manger. J'avais particulièrement peur des moustiques. J'étais devenue hypocondriaque. Ma crainte était que l'une de ces bestioles me pique et qu'elle soit porteuse du virus du sida. Heureusement que j'avais le portable. J'ai passé une bonne partie de la nuit accrochée au téléphone à parler aux miens. Ma famille m'a beaucoup soutenue moralement.»
Tard dans la nuit, un jeune de 22 ans est admis d'urgence à El Kettar. Il est soupçonné lui aussi d'avoir la grippe A. «On l'a ramené directement de l'aéroport. C'est un ancien harrag, semble-t-il. Il venait d'Espagne», témoigne Samia. Qu'en est-il de sa fièvre tenace et de ses courbatures ? La jeune femme reconnaît que sur ce plan au moins, son séjour à El Kettar n'aura pas été vain. «Tout de suite, on m'a prescrit du Tamiflu. Je me suis forcée à manger un peu pour avaler la première gélule. Au bout d'une demi-heure, je l'ai vomie tellement elle était forte. Après, le médecin m'a exhortée à prendre une deuxième gélule. Dès le lendemain, je me sentais mieux.»Malgré l'amélioration de son état de santé, Samia sera gardée en observation à l'hôpital. «Je devais attendre les résultats de l'Institut Pasteur de Sidi Fredj. On m'a signifié que si j'avais des connaissances là-bas, je pouvais obtenir les résultats rapidement et abréger ainsi mon calvaire. Par le truchement d'une connaissance, j'ai réussi justement à les avoir au bout du troisième jour.» «Verdict ? Négatif !» «Ma source m'a indiqué que je n'avais pas la grippe A. J'en ai informé les responsables de l'hôpital en leur demandant de vérifier de leur côté la teneur de ces résultats. Et ils ont confirmé que c'était négatif. J'en étais folle de joie. C'était la délivrance ! J'ai donné toutes mes provisions au jeune qui était hospitalisé et je suis rentrée à la maison, accompagnée par les miens».
«Désolé, on s'est trompés de diagnostic»
Malheureusement, la joie de Samia sera de courte durée. Et pour cause : il y a eu erreur dans les analyses. «J'ai quitté El Kettar à 17h. Vers 20h, j'ai reçu un coup de fil catastrophé de la direction de l'hôpital m'enjoignant de revenir immédiatement en précisant qu'ils venaient de recevoir un fax de l'Institut Pasteur où j'étais déclarée positive. Cette nouvelle m'a assommée !», s'indigne Samia. «Le retour à El Kettar a été chaotique. J'étais d'autant plus terrorisée que j'avais peur d'avoir contaminé toute ma famille entre-temps. Pour se rattraper, ils ont prescrit du Tamiflu aux membres de ma famille qui étaient en contact avec moi.» Samia reste encore trois jours à El Kettar. Trois jours infernaux. «Les jours suivants étaient particulièrement durs. Sauf que cette fois, j'ai pris le temps de m'équiper du nécessaire pour tromper l'ennui : lecteur DVD, livres et revues, friandises… D'ailleurs, je partageais tout avec les infirmiers», dit-elle.
Au bout de cinq jours de traitement, Samia décide d'écourter son séjour à El Kettar. «Je n'en pouvais plus !», soupire-t-elle. «Pourtant, quand je suis revenue, ils m'ont proposé de rester chez moi en isolation et de poursuivre mon traitement à domicile, mais j'ai évidemment refusé. Mais là, j'ai décidé de finir mon traitement au Tamiflu chez moi. D'ailleurs, je me sentais beaucoup mieux sur le plan physique.»
Samia ne sait toujours pas si elle est définitivement immunisée contre le virus H1N1 ou pas…


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