D'ailleurs à la même période de la saison écoulée, les champs et les huileries étaient pris d'assaut. Il était presque impossible de trouver une place libre dans les nombreuses huileries de toute la région. La nature était généreuse et la production abondante. La campagne de ramassage et de transformation des olives a duré jusqu'au mois d'avril. Pour la présente saison la donne est tout autre. La production sera faible selon les propos des oléiculteurs eux-mêmes. «Les oliviers n'ont presque rien donné», disent-ils. Les raisons sont diverses et multiples. Contacté à ce sujet, M. Zedam, un propriétaire d'une huilerie à Aït Abdelmoumen, nous révélera : «Pour cette année la production baissera significativement. Ce qui fera augmenter les prix de l'huile sensiblement. Les causes sont en premier lieu naturelles. Les vents chauds et l'excessive chaleur de la saison florale ont été fatals pour les olives. Le peu qui a survécu a été achevé par les feux de forêts. Sans oublier que la plupart des oliviers sont vieillissants et malades. L'entretien des arbres ne se fait pas, les paysans ne plantent pas suffisamment pour renouveler les oliveraies et l'Etat n'applique pas une vraie politique pour préserver et améliorer l'agriculture de montagne. Les oléiculteurs sont abandonnés à leur sort. En somme le résultat est là.» L'oléiculture est sérieusement en perte de vitesse. Le département concerné est tenu à réagir pour sauver la filière. L'olivier nourricier et symbole de toute la Kabylie est en mauvaise posture. Si rien n'est fait dans l'urgence, c'est toute l'économie de la région qui risque de s'effondrer. De vraies réformes sont indispensables afin de redresser la situation. L'huile d'olive chère aux Algériens en général pour ses qualités nutritives et curatives se fera de plus en plus rare et de plus en plus chère, si évidemment les moyens nécessaires ne sont pas mis à la disposition des oléiculteurs. Cette filière agricole peut apporter un plus à l'économie nationale. L'exemple de la Tunisie dans ce domaine est plus qu'édifiant.