Constantine, en tant que ville région, riche par son histoire, sa culture et son site, s'inscrivant dans une armature urbaine qui lui confère un rôle primordial dans tout l'est algérien, semble peiner dans sa propre survie. Elle est certes splendide, perchée sur un site pittoresque qui lui donne une somptuosité exceptionnelle, mais paraît poser énormément de difficultés pour tous ceux qui la gouvernent. Jusqu'à un passé récent dans l'histoire de la nation algérienne, son pouvoir administratif s'étalait sur tout l'espace englobant même les actuelles wilayas de Oum El Bouaghi, Jijel, Skikda et Mila. Depuis le découpage de 1984, le coup de grâce a été donné à son territoire pour devenir la plus petite wilaya du pays. Le fait qu'on l'est confinée dans un périmètre limité et très contraignant naturellement, insère son urbanisation sous le sceau de la difficulté. Petit à petit, Constantine voit son rôle polarisateur s'éclipser, son développement se ralentir, au profit d'autres pôles émergents autour d'Annaba, de Skikda sur la frange du littoral, et autour de Sétif et de Batna au niveau des Hauts Plateaux. Ses citoyens ont assisté, impuissants, à son déclassement, soupçonnant des volontés politiques certaines. C'est dans ce contexte que vient le projet « réparateur » de sa modernisation, ambitieux, mais clairvoyant, prospectif et futuriste à la fois, initié par son Excellence le président de la République, en vue de redonner à Constantine la place qui lui est due. C'est un projet qui ne peut que lui rendre justice. Il est certes imposant, voire même utopique, mais peut devenir réalité pourvu qu'il y ait de la ressource humaine en mesure de mener à bien de tels engagements. C'est un projet qui a pour but majeur la requalification de Constantine, car elle s'est déclassée au fil du temps. Son développement aura un impact certain sur l'essor de tout l'Est algérien, et une influence sur l'équilibre du pays. C'est un projet de société toute entière. Avec ses différents composants : projets structurants, projets de mises à niveau et projets de requalification urbaine ; le développement urbain dans la région sera impressionnable. Le projet en lui-même est plus qu'utile. Grâce à l'euphorie financière, il a toutes les chances de se réaliser, mais dans quelles conditions ? Il n'y a pas de prise des garanties nécessaires pour sa pleine réussite. La consultation s'est faite dans des cercles privés et toutes les compétences n'ont pas été mobilisées. L'expertise relève du « domaine privé », dans une opacité certaine, les études non élaborées convenablement telles les études préalables, les études pratiques, les études d'impact et les études économétriques pour penser à la relève en termes d'investissement et en termes de mobilisation de ressources complémentaires. Sans compter que pour la construction de l'Algérie moderne dans le domaine de l'urbanisme, du marketing urbain ou de l'art de faire la ville, il y a une carence de taille en termes de maîtrise d'œuvre, maîtrise d'ouvrage et de management de projet. Certes, des moyens financiers enviables sont disponibles, mais il n'existe pas de processus adéquats de leur absorption réfléchie et rigoureuse. Comme par exemple l'absence de bonnes pratiques de gouvernance et de participation. L'auteure est architecte, Urbaniste, Maître de Conférences Directrice du laboratoire « De l'architecture à l'urbanisme »