L'Etat algérien a reconnu à cette dame la qualité de fille de chahid et lui a servi régulièrement la pension inhérente à cette catégorie de citoyens jusqu'à l'année 2005. L'administration n'a pas d'âme. Cela se vérifie dans la vie de tous les jours. Mme Bouabdallah, veuve Meradi, fille de chahid aurait eu la mauvaise idée de procéder au changement de son nom de famille même si cet acte est autorisé par la loi en respectant les procédures judiciaires. « Feu notre père, Boutiba Abdelkader, chahid a été mis hors de combat par l'armée coloniale en novembre 1957 en sa qualité de chef rebelle », entame, pathétique, Mme Bouabdallah. L'Etat algérien a reconnu à cette dame la qualité de fille de chahid et lui a servi régulièrement la pension inhérente à cette catégorie de citoyens jusqu'à l'année 2005. Cependant « Sous prétexte que nous avions changé de nom, celui de Bouabdallah qui a été spolié à nos aïeux par le colonialisme, la direction des anciens moudjahidine de Tlemcen nous a bloqué notre rente. Cette administration a continué à se complaire dans son obstination malgré nos justifications ». Bizarrement, cette direction a exigé le changement du nom… du chahid et ce, contrairement au décret 71/157 du 3 janvier 1971 qui offre la possibilité de changement de nom aux seules personnes vivantes. « Et même si la loi permettait le changement de nom des personnes décédées, aurait-on le droit d'appeler un chahid par un autre nom que celui qui est porté ? », s'interroge Mme Bouabdallah. Ce qui suscite davantage de curiosité, c'est le fait que la sœur de cette dernière, résidant dans une autre wilaya, n'a rencontré aucune difficulté pour continuer à percevoir sa pension. « En changeant de nom de famille, a-t-on perdu notre titre de fille de chahid ? Une même loi est-elle interprétée de mille manières dans un même pays ? On se pose la question ! », conclut Mme Bouabdallah dans une lettre au ministre des moudjahidines.