La Simpral vient en première position avec des dettes cumulées de 866 266 585,76 DA. Elle est suivie immédiatement par la SIO avec 855 246 299,32 DA, la SIA avec 768 539 820,56 DA, la SIE avec 662 498 972,91 DA et enfin l'Enap avec 142 597 437,75 DA. Le cumul de ces importantes sommes met l'entreprise spécialisée dans l'importation du papier journal, Alpap, en difficulté. ALPAP risque l'étouffement Comment fait-elle pour continuer à importer la matière première ? Pourquoi les imprimeries publiques n'arrivent pas à payer leur unique fournisseur ? Contactés pour avoir plus d'information sur cette situation, les responsables de l'Alpap n'étaient pas disponibles durant la journée d'hier. «Ils ont été convoqués par le ministère. Ils doivent participer à une réunion du conseil d'administration», nous a affirmé, dans l'après-midi, la standardiste de l'entreprise. Dans la matinée, nous avons eu au bout du fil la responsable du service commercial qui a déclaré qu'elle ne pouvait pas répondre à nos questions sans avoir l'aval de la direction de la société. «Je dois d'abord demander aux responsables et je vous rappellerai», a-t-elle dit. Elle ne nous a pas rappelés. Mais, semble-t-il, plusieurs maillons de la chaîne ont contribué à l'accumulation de ces créances. L'incapacité des imprimeries à payer leurs dettes est liée, sans nul doute, à leur inaptitude à recouvrer leurs créances détenues sur des journaux qui sont leurs principaux clients. Et le perdant dans l'affaire est, en premier lieu, l'Alpap et ensuite l'Etat qui sera dans l'obligation de mettre la main à la poche pour sauver cette société d'une éventuelle fermeture. Pourtant, en 2007, le gouvernement s'est montré déterminé à sortir de cet engrenage. Le ministre de la Communication de l'époque, Abderrachid Boukerzaza, avait exigé l'assainissement des dettes de certains éditeurs privés, estimées en 2007 à 2,5 milliards de dinars et celles des entreprises d'impression évaluées à 1,5 milliard de dinars (toujours en 2007). «Il faut appliquer désormais les règles commerciales dans les transactions afin de limiter l'intervention de l'Etat», avait-il lancé. Deux ans après, rien n'a été fait. Au contraire, les dettes des sociétés d'impression ont doublé pour atteindre plus de 3,2 milliards de dinars. En revanche, l'on ignore le montant exact de la dette des journaux (privés et publics). Selon des spécialistes, le maintien de cette situation sert beaucoup plus le pouvoir. Cela lui permet d'exercer toute sorte de pressions sur la presse privée, dont la majorité devient de plus en plus docile. L'histoire des médias algériens est riche en exemples sur les rapports malsains qu'entretient le pouvoir avec la presse. L'argent est toujours une arme entre les mains du pouvoir pour soutenir ses «bons élèves» et punir ceux qui osent franchir la ligne rouge qu'il a tracée.