Les pays du Maghreb ne disposent pas d'un organisme régional commun susceptible de collecter et de traiter des données statistiques, déplore Mounir Khaled Berrah, directeur général de l'Office national des statistiques (ONS). Intervenant, hier, en marge de l'ouverture des travaux de la conférence maghrébine sur les statistiques, organisée à l'hôtel El Aurassi à Alger, M. Berrah, a reconnu le retard accusé par les pays du Maghreb dans la mise en place d'un organisme régional à même de développer la coopération maghrébine dans le domaine des statistiques. « Les pays du Maghreb, à l'instar des ensembles régionaux, doivent œuvrer pour une unification de leurs positions en termes de définition de concepts et de méthodologies, et afin d'agir de manière cohérente en tant que région intégrée », plaide M. Berrah. Dans ce sens, il rappelle aussi la nécessité impérieuse pour ces mêmes pays de réfléchir à l'harmonisation de leurs activités statistiques. « C'est un processus de longue haleine », confie le DG de l'ONS, pour expliquer le retard dans la mise sur pied d'un organisme régional digne de ce nom. Conscients du défi de la collecte et du traitement de données statistiques, des pays comme ceux de l'Europe disposent déjà d'une approche et d'un organisme régional. Interrogé sur le projet de création d'une banque de données maghrébine sur les statistiques, M. Berrah a estimé que ce projet, entamé depuis une année, nécessite « beaucoup d'efforts ». « Il y a des instituts maghrébins qui travaillent séparément et de manière conjoncturelle », regrette-t-il, en soulignant que les pays de cette région œuvrent dans le sens de mettre en place « un cadre pérenne de coopération ». « Nous travaillons sur un certain nombre de dossiers en vue de rapprocher les différentes approches », explique-t-il encore. L'idée portant sur la création d'une banque de données sur les statistiques a été annoncée en avril 2008, lors de la réunion du secrétariat général de l'UMA à Rabat (Maroc), rappelle-t-on. Sollicité sur le projet du lancement d'un recensement économique en Algérie, révélé la semaine dernière par le ministre des Finances, le DG de l'ONS a affirmé que le but de ce projet est d'avoir « une image claire » du système économique national. « Ce n'est que sur la base de données réelles qu'on peut mettre en place des politiques de développement (…) Il est important d'avoir un répertoire fiable et une information claire concernant les agents économiques », fera savoir M. Berrah. Sur un autre chapitre, celui de la réalisation de « projection de population au Maghreb entre 2010 et 2040 », projet d'ailleurs lancé dans chaque pays en faveur des recommandations de l'atelier de Tunis en 2008, M. Berrah a parlé de la nécessité de disposer d'une idée sur l'évolution de la population sur au moins une génération. « Le travail se fait avec harmonisation dans les différents pays », dira-t-il, en déplorant toutefois, la défection de la Libye. Par ailleurs, Ali Boukrami, commissaire général à la planification et à la prospective a soutenu, de son côté, l'urgence de mettre en place des actions communes devant permettre l'unification des systèmes de statistiques dans les pays du Maghreb. Isaac Lobe, directeur du département des opérations à la Banque africaine de développement (BAD) a exprimé, quant à lui, la disponibilité de la BAD à apporter son soutien aux pays du Maghreb afin de renforcer leurs systèmes nationaux des statistiques.