Les statisticiens maghrébins se concertent sur les moyens de renforcer la coordination et la coopération statistique entre les pays du Maghreb. C'est du moins l'objectif de la conférence maghrébine sur la statistique, dont les travaux ont démarré, hier à l'hôtel El-Aurassi (Alger) à initiative de l'Office national des statistiques et de la Banque africaine de développement. La conférence d'Alger, dont les travaux se poursuivront pendant trois jours sous forme de sessions plénières et ateliers thématiques, s'inscrit dans le cadre du processus de coopération entre les pays maghrébins initié au Maroc lors de la réunion des directeurs généraux des instituts statistiques maghrébins. Elle fait également suite aux recommandations de l'atelier sur la coopération et la coordination statistique organisé à Tunis en décembre 2008. Du coup, la conférence d'Alger aura ainsi dire à évaluer l'état de mise en œuvre des recommandations arrêtées lors de l'atelier de Tunis et par la réunion du groupe de travail chargé des statistiques au niveau des pays du Maghreb. Les recommandations en question ont mis l'accent sur la nécessité d'accroître la coordination et la participation statistique entre les pays du Maghreb, de créer une structure pour assurer la coordination et les échanges dans le domaine statistique et d'améliorer les échanges de statistiques et des publications entre les pays de l'Union du Maghreb. Les participants, algériens, marocains, tunisiens et mauritaniens, (les Libyens n'ont pas fait le déplacement), auront à débattre, pendant trois jours, des mécanismes d'harmonisation de la production, de la diffusion et des échanges de l'information statistique entre les pays du Maghreb. Ils auront aussi à approfondir les questions des travaux dans les domaines d'activité arrêtés à Tunis : projections de populations à l'horizon 2040, de l'emploi et les salaires, des conditions de vie et pauvreté, comptabilité nationale et des nomenclatures d'activités et de produits. Le commissaire général à la planification et à la prospective, M. Sid-Ali Boukrami, estime qu'il est temps de mettre en place des actions communes permettant une unification des statistiques des pays de la région et un échange d'expériences et de données dans ce domaine. “Chaque pays a sa stratégie de développement de la statistique, ces stratégies nationales constituent le socle sur lequel on peut bâtir une vision et une stratégie maghrébines”, explique M. Mounir Khaled Berrah, directeur de l'Office national des statistiques. L'information statistique, dans les pays maghrébins, est souvent au centre de polémiques, notamment lorsqu'il s'agit de révéler les chiffres officiels liés aux questions très controversées du chômage, de la croissance économique ou encore de l'inflation. En Algérie, cette préoccupation a été prise à travers l'installation en août 2008 du Conseil national des statistiques. Cet organisme est appelé à épauler l'Office national des statistiques (ONS) qui fait parfois l'objet de diverses critiques quant à la compatibilité de ses informations statistiques avec la réalité du terrain. Le CNS a été créé par décret législatif n°94-01 du 15 janvier 1994 relatif au système statistique. Il est défini comme étant un instrument privilégié d'organisation, de coordination et d'animation de l'information statistique. Cet organisme a pour mission principale de formuler des avis et des recommandations sur la politique nationale d'information statistique. M. R.