Pour tout le monde, en février 1996, les moines de Tibéhirine ont été assassinés par les Groupes islamiques armés (GIA). La manière dont ils ont été tués, décapités, ne pouvait, sans l'ombre d'un doute, que porter la sinistre signature des GIA qui revendiqueront quelque temps après le massacre. Mais beaucoup d'ONG et d'autres parties, dont la proximité très intéressée avec l'islamisme radical en Algérie, ne tarderont pas à commencer à jeter l'opprobre sur l'armée algérienne, pour une raison ou pour une autre. Menacé dans ses fondements, il faut bien se mettre dans le contexte de l'époque, l'Etat algérien luttait seul contre un phénomène qui s'avérera, finalement, dangereux pour toute la planète. Il se pourrait, on n'en sait rien, qu'il y ait eu des bavures. Toutefois, il est difficile de croire qu'il y en ait eu une à Tibéhirine, cette région de Médéa qui a souffert le martyre durant la décennie rouge. A partir de là, une question s'impose. Pourquoi le général français à la retraite François Buchwalter, attaché militaire à l'époque à l'ambassade de France à Alger, a-t-il gardé aussi longtemps son prétendu secret pour le sortir à la fin du mois dernier, et le médiatiser largement par toute la presse française ? En quoi consiste, en réalité, la déposition de l'officier français ? François Buchwalter s'appuie sur les confidences d'un de ses camarades de Saint-Cyr qui tenait le témoignage de la bouche de son frère qui était dans l'armée algérienne. Difficile de reconstituer donc le puzzle sur un simple témoignage qui fait dire aux faits autre chose que ce qu'ils donnaient à comprendre à l'époque ! La justice française ne pourrait, en effet, aller aussi loin dans ce qu'elle suppose être la quête de vérité sans l'apport de celui qui est cité comme étant le témoin direct du massacre qu'impute, aujourd'hui, l'ancien agent des services français à Alger à l'armée algérienne. Peu importe, car tout semble se dérouler, à travers une très large et agressive campagne médiatique, pour charger l'Etat algérien. Les objectifs d'une telle évolution restent difficiles à cerner. Beaucoup d'interrogations s'imposent en effet. L'ancien attaché militaire de l'ambassade de France ne remet pas seulement en cause la première version concernant l'assassinat des moines de Tibéhirine, mais laisse aussi, et ce à dessein, entendre que l'assassinat de Mgr Claverie intervenu à la même époque, à Oran, n'a pas été le fait des groupes islamiques armés. Il est difficile de ne pas croire, alors, que toute l'agitation médiatique qui entoure l'affaire de l'assassinat des sept moines n'a pas pour objectif, a priori, de ressusciter le fameux « qui tue qui ? ». D'ailleurs, l'avocat de la partie civile, maître Baudoin prend plaisir à accréditer la thèse qu'il a toujours soutenue et accabler les autorités nationales en charge de la lutte contre le terrorisme. Dans un pays où l'on entoure de tous les soins un ancien chef terroriste, en le mettant au-devant de la scène médiatique pour mieux le réhabiliter, on ne peut s'attendre à autre chose.