Le Rassemblement national démocratique (RND) a émis hier un communiqué dans lequel il réagit vigoureusement aux accusations du général français à la retraite François Buchwalter, ancien attaché militaire à l'ambassade de France à Alger, qui met lourdement en cause la responsabilité de l'armée algérienne dans l'assassinat des sept moines trappistes de Tibéhirine en 1996. « Le Rassemblement national démocratique dénonce avec force cette nouvelle provocation à l'égard de l'Algérie qui a souffert des affres du terrorisme dans le silence des uns et la complicité des autres » s'indigne d'entrée le RND par la voix de son porte-parole, le député Miloud Chorfi, avant de poursuivre : « L'on s'étonne de l'exhumation d'un tel sujet dans un contexte où la France officielle appelle de tous ses vœux la promotion des relations bilatérales « entre les deux pays. » « L'on s'interroge par ailleurs sur la relation éventuelle entre ces campagnes tendancieuses à l'encontre de notre pays, d'un côté, et l'attachement de l'Algérie à mettre à nu le fait colonial d'hier en même temps que la défense des intérêts de notre économie nationale. » Le communiqué chute en insistant sur la vive émotion du RND : « Le Rassemblement national démocratique réitère son indignation face à toutes ces voix défaites qui s'élèvent tant à l'intérieur qu'à l'extérieur (du pays) et qui s'emploient à semer le doute et faire échec au processus de développement étrenné par l'Algérie dans le cadre du programme quinquennal ambitieux de son excellence le président de la République ». Il n'échappera pas à l'observateur averti que ce communiqué du RND constitue pour l'heure l'unique réaction de taille aux graves accusations proférées par le général Buchwalter et les « petites phrases » auxquelles son « témoignage » a donné lieu à Paris, notamment les déclarations du président français Nicolas Sarkozy qui a exigé de faire toute la lumière sur l'affaire des moines en affirmant que « les relations entre les grands pays s'établissent sur la vérité et non pas sur le mensonge. » En attendant la rencontre prévue en marge du G8 entre Bouteflika et Sarkozy en Italie, le silence d'Alger se fait assourdissant sur cette nouvelle polémique qui relance le « qui tue qui ? ». A moins qu'il ne faille prendre la sortie du RND comme une réaction à peine voilée des autorités algériennes dans la mesure où le parti est membre à part entière de l'Alliance présidentielle au pouvoir et que son leader, Ahmed Ouyahia, n'est autre que le Premier ministre. Par ailleurs, il convient de noter que le quotidien électronique Tout sur l'Algérie a fait parler un « haut responsable de l'Etat algérien » sans le citer à propos des « révélations » du général Buchwalter qui accablent l'ANP. « Le gouvernement algérien ne va pas réagir », a ainsi assuré ce haut fonctionnaire, avant d'ajouter : « Il n'est pas concerné par les turpitudes d'un général à la retraite qui, en plus, dit avoir obtenu ses informations d'un militaire algérien, donc d'un félon » (voir : www.tsa-algerie.com) Et la même source de préciser qu'aucune démarche diplomatique n'est prévue pour protester contre ce flot de « calomnies » en maintenant mordicus que c'est bel et bien le GIA qui a enlevé et assassiné les sept moines cisterciens de Tibéhirine en mars 1996. « On avait conseillé aux moines de quitter les lieux avant ce kidnapping. Mais ils ont préféré rester sur place », indique la même source, avant de livrer cette explication : « Ce qui s'est produit est simple : d'anciens chefs du GIA dans cette zone connaissaient bien les moines. Ils ne les menaçaient pas. Mais ces chefs ont été tués et leurs remplaçants ignoraient la relation que leurs prédécesseurs entretenaient avec les moines. Ils les ont donc kidnappés, puis tués. »