Le président français est revenu à de meilleurs sentiments en affirmant s'en tenir au communiqué numéro 44 du GIA qui a revendiqué le meurtre des 7 moines de Tibhirine en 1996. Le président français s'est de nouveau exprimé sur l'affaire de l'assassinat des 7 moines de Tibhirine, depuis L'Aquila (Italie), en marge du sommet du G8 (groupe des 8 pays les plus industrialisés), en opérant, cette fois, une marche arrière. Nicolas Sarkozy a, en effet, déclaré qu'“il n'y aurait pas de secret-défense” concernant l'assassinat des religieux de Tibhirine (Algérie) en 1996. “Pourquoi voulez-vous qu'avec le président algérien nos relations s'en trouvent bouleversées ? La justice est saisie ; que la justice dise la vérité. Moi, je m'en tiens quand même au communiqué numéro 44 du GIA (Groupe islamique armé, ndlr) en 1996 revendiquant l'assassinat des moines. Je n'ai accusé personne, je veux que la vérité soit faite”, a-t-il alors précisé. La polémique autour de l'assassinat des moines de Tibhirine est née à la suite de la récente déposition du général français à la retraite, François Buchwalter, ancien attaché de la Défense à l'ambassade de France à Alger. L'ancien général attribuait le massacre des religieux à une “bavure” de l'Armée algérienne (ANP). Et alors que l'Algérie célébrait sa fête d'indépendance et procédait à l'ouverture du second Festival panafricain (Panaf' 2009), de hauts responsables français au pouvoir, dont le président Nicolas Sarkozy et la ministre française de la Justice, Michèle Alliot-Marie, et d'anciens dirigeants, dont l'ancien Premier ministre Alain Juppé et l'ancien ministre des Affaires étrangères Hervé de Charrette, sont revenus à la charge. Le 6 juillet, le président Sarkozy a estimé qu'il faut laisser la justice “faire son travail”, avant de changer d'avis. Le lendemain, dans un point de presse, il a plaidé pour “la vérité”, en soutenant : “Les relations entre les grands pays (…) s'établissent sur la vérité et non pas sur le mensonge.” Le président français ne s'est pas arrêté là, allant jusqu'à révéler qu'“on ne peut dire que l'amitié entre les peuples et entre les pays peut résister aux mensonges”. Ses déclarations ont vite été suivies par celles de Mme Alliot-Marie, qui a alors annoncé des “investigations supplémentaires”, en signalant que le témoignage de l'ex-attaché militaire “apporte un élément nouveau”. Jeudi, réagissant aux propos de François Buchwalter, Abdelhak Layada, un ex-chef du GIA, en prison au moment de l'affaire, puis libéré en 2006 dans le cadre de la Charte pour la réconciliation nationale, a confirmé au quotidien El Khabar que son mouvement était bien à l'origine des exécutions des religieux en 1996. “Les assassinats ont été commis par Djamel Zitouni (chef du GIA à l'époque des faits, ndlr), à la suite des tergiversations du renseignement français”, a-t-il expliqué. Layada a également confié que les négociations menées entre le GIA et les Français concernaient sa propre libération contre la libération des moines. “Les Français ont tardé à répondre s'ils acceptaient de négocier ou non avec le GIA. C'était la cause de l'échec”, a-t-il précisé. Selon lui, les “services secrets français ont doublé les autorités algériennes et traité directement avec les ravisseurs”. L'ex-chef islamiste a aussi dénoncé une “deuxième trahison”, en référence au “non-respect par les Français de l'accord conclu avec le GIA pour la libération des moines”. Notons que l'annonce faite le 9 juillet, par le président Sarkozy, sur la levée du secret-défense pour l'affaire des moines de Tibhirine a été suivie par celle concernant l'attentat de Karachi. D'abord attribué aux islamistes d'Al-Qaïda, cet attentat, qui a coûté la vie à 14 personnes, dont 11 ingénieurs français travaillant à la Direction des constructions navales (DCN) de Cherbourg, pourrait être lié à une affaire de pots de-vin. C'est, du moins, la piste qui a été privilégiée par les juges d'instruction chargés de ce dossier. Une piste qualifiée de “fiable” en juin dernier par Nicolas Sarkozy. Hafida Ameyar