Le bureau de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) de la wilaya de Ghardaïa a dénoncé, hier, à travers un communiqué, l'installation d'une « commission religieuse de la Grande mosquée ». Cette dernière ayant obtenu une autorisation de la wilaya est chargée de gérer les biens wakf de la Grande mosquée ibadite. « Il s'agit là d'une défiance et d'une atteinte flagrante aux sentiments de milliers de citoyens ibadites et à leurs us et coutumes », souligne le communiqué du bureau de la Laddh, qui précise que cette Grande mosquée est le symbole et la référence religieuse et historique des Mozabites et du rite ibadite en Algérie. « La Grande mosquée est gérée selon des traditions, coutumes et modes historiques connus depuis plus de dix siècles, et elle veille sur les biens wakfs ibadites », indique le communiqué signé par le docteur Kamel Eddine Fekhar. Ce dernier, qui était l'un des initiateurs de la demande d'officialisation du rite ibadite, estime qu'au lieu d'une telle commission, « les habitants de la vallée du M'zab s'attendaient avec impatience à une réponse positive des autorités du pays concernant l'officialisation du rite ibadite. Une demande émise depuis trois mois et ayant rassemblé des milliers de signatures pour que le rite ibadite ne soit plus otage des humeurs des hauts responsables et qu'il ne fasse plus l'objet de chantage ». Le même communiqué considère que l'autorisation de « la commission de la Grande mosquée » est « une attaque contre la liberté individuelle, une atteinte à un héritage et à la mémoire collective. Il s'agit d'une grande humiliation exacerbant le sentiment d'injustice chez les Mozabites ». Et d'ajouter : « Depuis l'Indépendance, la vallée du M'zab est soumise à une guerre sans relâche contre l'identité amazighe et ibadite des Mozabites. » Une « guerre » qui aurait commencé, selon le même communiqué, par « la déformation des noms amazighes des rues et des villes, par la spoliation des biens immobiliers et, enfin, en semant la fitna entre Mozabites ibadites et Arabes malékites. Preuve en est les événements de Berriane et le harcèlement judiciaire contre les militants des droits de l'homme ». Le bureau de la Laddh demande, au nom des habitants de la vallée du M'zab, la reconnaissance officielle et urgente du rite ibadite. « A l'instar de tous les Algériens, le Mozabite demande un minimum de respect et de pouvoir jouir de ses droits de citoyen. Il ne renoncera jamais à son droit élémentaire de pratiquer son rite et de préserver sa culture et ses traditions, qui sont partie prenante du patrimoine national et mondial. »