A travers «Good Vibrations», l'artiste peintre Noureddine Chegrane a voulu présenter exclusivement des aquarelles datant entre 2003 et 2010, façon singulière de familiariser le public à cette technique haute en précision, en tracés et en mixture. Une moyenne de 25 œuvres aux dimensions variées se donnent à voir avec un réel plaisir. L'ensemble de ces créations regorge de vibrations, de sons musicaux et de couleurs. L'artiste confie que lorsqu'il peint, il a cette impression de jouer des notes musicales. Noureddine Chegrane a de tout temps eu une âme de musicien. Pour rappel, il a fait partie d'un groupe musical marocain, Toubkal, et joué en trio d'harmonicistes. Soliste de variétés et jazz à Rabat, il avait créé à l'époque son propre groupe, Les Titans, où, parallèlement, il réalisait des peintures sur toile. Chegrane explique qu'un jazmann peut transcender une fausse note, mais en peinture, il y a des mariages de couleurs qu'on doit impérativement maîtriser. «J'aime le métissage des musiques et le mariage des techniques dans la peinture», dit-il. Les œuvres de l'artiste ploient dans une ambiance d'espoir et d'ouverture, mettant en relief la richesse du patrimoine national. Issu de l'école Aouchem, Chegrane reprend avec abondance les signes et les symboles du terroir. Dans «Le signe dans l'espace», le visiteur est convié à travers un voyage du graphisme. La musique est un tableau où se dégage une symphonique musicale certaine, avec l'exhibition de ce violon grandeur nature. Les sons sont remplacés par des symboles. Liberté est un hymne vers l'exil et l'embellie. C'est parce que l'artiste a toujours été fidèle à l'école de M'hamed Issiakhem que la femme traditionnelle occupe une place de choix. Sa présence est rehaussée par des symboles, des signes et des talismans. Ces derniers sont liés à la symbolique des aouchem's. La palette de Chegrane n'est pas équilibrée : une des exigences de l'aquarelle est l'utilisation de couleurs gaies, ajoutées à la lumière. Les tons pastels parlent d'eux-mêmes et ce, afin que la thématique ne soit pas perceptible, faisant ressortir le côté magique de l'œuvre. Si Noureddine Chegrane est un artiste peintre prolifique en chefs-d'œuvre, il n'en demeure pas moins qu'il regrette l'inexistence de livres d'art censés répertorier l'ensemble des créations des plasticiens : «Les éditeurs algériens se doivent de s'intéresser au livre d'art. C'est l'un des meilleurs documents culturels». Noureddine Chegrane caresse le rêve de réaliser dès l'année prochaine une rétrospective de ses 36 ans de carrière. En juin prochain, il compte rendre un double hommage aux regrettés artistes peintres Baya et Matis, au niveau de la galerie Mohamed Racim.