Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la BPCO est actuellement la cinquième cause de mortalité dans le monde et devrait devenir la troisième d'ici à 2020, derrière les pathologies coronariennes et les maladies neuro-vasculaires. Elle représente donc au niveau mondial un véritable problème de santé publique. Le fort lien de causalité entre tabagisme et BPCO fait que le développement de cette pathologie est étroitement lié au comportement tabagique à long terme des populations, mais il existe d'autres facteurs de risque qui expliquent que la BPCO peut toucher également des personnes n'ayant jamais fumé. La BPCO concerne 44 millions de personnes à travers le monde et est associée à de forts taux de morbidité et de mortalité. Les recommandations nationales (rédigées et éditées par la SAPP en décembre 2004) et internationales concernant la prise en charge thérapeutique de cette pathologie soulignent l'importance de la précocité du diagnostic et du traitement pour diminuer la morbidité associée à la BPCO. L'obtention de données pertinentes sur le véritable impact de la BPCO sur les patients et le système de santé devrait permettre d'améliorer la prise en compte de cette pathologie au sein de la population générale et de la communauté médicale, et d'évaluer les besoins relatifs à une meilleure prise en charge. Plusieurs sociétés savantes internationales (ATS, ERS, SPLF, UICTMR…) proposent une initiative mondiale autour du poumon. 2010 sera le début d'une décennie de communication «pulmonaire» vers le grand public, les professionnels de santé et les médias. Les maladies respiratoires représentent la troisième cause de mortalité dans le monde, puisqu'elles ont été classées par l'OMS parmi les 4 maladies chroniques prioritaires que sont les cancers, les maladies cardiovasculaires et le diabète. – Trois milliards d'individus vivent dans les villes et sont exposés à la pollution urbaine. – Un milliard vit dans des bidonvilles insalubres et pollués. – Deux milliards sont soumis aux fumées liées à la combustion des biomasses (pétrole, bois, charbon). – Un milliard est exposé à la fumée de tabac ! – Cinq cent millions sont exposés à des agents à l'origine de maladies professionnelles. En Algérie, quelle est la situation ? (voire tableau en bas de page) Il a été laissé toutes latitudes aux différents pays pour organiser cette année selon leurs priorités. En Algérie, l'année 2010 sera «l'année de la BPCO» et il a été décidé d'élaborer des actions communes en collaboration avec les pouvoirs publics, la société civile et surtout les professionnels de la santé pour lutter contre ce fléau qui est la conséquence de l'agression que subissent nos poumons du fait de la pollution et du tabagisme. Une enquête sur la mesure du souffle, initiée par la Société algérienne de pneumo-phtisiologie, a été menée en 2008. Les objectifs étaient de sensibiliser le public à la mesure du souffle, en vue du dépistage des maladies respiratoires obstructives et d'inviter les fumeurs à arrêter de fumer. La population d'étude : adultes âgés de 35 ans et plus, fumeurs ou ex-fumeurs à 10 paquets année ou plus, sans antécédents de maladies respiratoires. Sur 816 fiches remplies, 791 ont été analysées, 779 hommes et 14 femmes, moyenne d'âge 44,59 ans, 433 personnes (54,6%) étaient alors fumeurs et 358 (45,4%) ex-fumeurs, 71% des fumeurs âgés de moins de 50 ans. 144 personnes (18%) avaient un VEMS/VEM6 0,7 162 personnes (20%) avec 0,7 VEMS/VEM6 0,8 et 485 personnes (62%) avec un VEMS/VEM6 0,8. Le critère spirométrique retenu par le GOLD (Global initiative for chronic Obstructive Lung Disease) pour définir l'obstruction bronchique caractéristique de la BPCO est le rapport de Tiffeneau (VEMS/CV) qui doit être inférieur à 70% de la valeur théorique. Le résultat de notre enquête a montré que sur 791 personnes testées, 18% répondaient à cette définition. La BPCO est à la fois sous-diagnostiquée et sous-traitée dans tous les pays. Elle a un impact important sur la qualité de vie des patients, mais malgré la relative sévérité de leurs symptômes, ceux-ci semblent avoir une nette tendance à sous-estimer la sévérité de la maladie. Bien que la BPCO soit actuellement considérée comme un véritable problème de santé publique, il reste de nombreux efforts à faire quant à son diagnostic et à sa prise en charge. La recherche systématique des symptômes chez les patients à risque et la pratique large des explorations fonctionnelles respiratoires sont la condition d'un diagnostic précoce. La formation des médecins généralistes à la pathologie et à ses enjeux, le recours large aux pneumologues et l'application par ces deux catégories de médecins des recommandations pour la pratique clinique disponibles sont, par ailleurs, les conditions d'une réduction de la morbidité. La lutte contre le tabagisme, élément-clé de la prévention primaire, doit également être privilégiée comme instrument de prévention secondaire. S. N.: CHU Mustapha Alger La Société algérienne de pneumo-phtisiologie organisera ses 19es Journées nationales les 17 et 18 mars 2010, à l'hôtel El Aurassi, à Alger