Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Les affections respiratoires chroniques négligées et sous évaluées Il n'existe pas de programme de prise en charge de la broncho-pneumopathie chronique obstructive
Certaines maladies restent encore, de nos jours, méconnues des médecins et sous diagnostiquées. C'est le cas de la broncho-pneumopathie chronique obstructive, pathologie pourtant irréversible et aux complications graves, parfois mortelles. Cette pathologie atteint les adultes de plus de 40 ans et sa fréquence augmente avec l'âge. Il faut savoir qu'elle est en augmentation constante depuis une vingtaine d'années et qu'elle est la cinquième cause de mortalité dans le monde, après l'infarctus, les accidents vasculaires cérébraux, les infections respiratoires communautaires et la tuberculose. Le tabagisme est la principale cause de la broncho-pneumopathie chronique obstructive et est responsable de 80% de ces dernières -le tabagisme passif augmente également les risques de développer la maladie- mais la pollution atmosphérique ainsi que l'environnement professionnel (le travail en milieu froid et humide ainsi que les industries chimique, pétrochimique et pharmaceutique notamment) peuvent en être l'origine. Quant à ses complications, celle qui découle systématiquement de la Bpco est l'insuffisance respiratoire, mais celle-ci peut également entraîner des complications neurologiques, cardiovasculaires ou musculaires. Un asthme chronique peut également évoluer vers une Bpco. Les pneumo-phtisiologues avancent des statistiques oscillant entre 500 000 et 700 000 personnes atteintes dans notre pays, ajoutant qu'il n'existe malheureusement pas de programme national de prise en charge de la broncho-pneumopathie chronique obstructive, bien que conduisant à des hospitalisations fréquentes. Sa méconnaissance dans le domaine de la médecine fait que celle-ci reste sous-estimée et ne bénéficie pas de traitement ciblé et efficace, les traitements existants ne servant qu'à soulager les malades. Si les chiffres restent muets quant à la morbidité de cette maladie, les spécialistes sont catégoriques : le taux de mortalité est important selon eux. La prévention et le diagnostic précoce des affections respiratoires restent pour le moment les seules alternatives, elles réduiraient considérablement la prévalence de cette pathologie invalidante et mortelle. Elaboré il y a près de dix ans, le programme OMS des maladies respiratoires chroniques a pour but «d'aider les Etats membres à réduire la charge de morbidité, d'incapacité et de mortalité prématurée liée aux maladies respiratoires chroniques et, plus précisément, à l'asthme et aux pneumopathies chroniques obstructives». Il prône notamment «l'amélioration de la surveillance afin de définir l'ampleur des maladies respiratoires chroniques (…), la prévention primaire afin de réduire le niveau d'exposition des personnes et des populations aux facteurs de risque communs, en particulier le tabagisme, une alimentation déséquilibrée, des infections des voies respiratoires inférieures fréquentes pendant l'enfance, et la pollution atmosphérique (à l'intérieur comme à l'extérieur et en milieu professionnel)», ainsi que la «prévention secondaire et tertiaire afin d'améliorer les soins de santé dispensés aux personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques en recensant les interventions rentables et en améliorant les normes et l'accès aux soins aux différents niveaux du système de santé». La lutte contre le tabagisme revient comme un leitmotiv dans la bouche des spécialistes, d'autant plus que, selon les prévisions de l'Organisation mondiale de la Santé, la Bpco sera la troisième cause de mortalité par maladie dans le monde en 2020 en raison du tabagisme. R. M.