ArcelorMittal, contrairement au groupe Ferphos et la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF), s'y oppose. Cette question ne figure pas dans le plan d'investissement des 140 millions de dollars, ont annoncé récemment les Indiens, propriétaires de 70% des actifs de la société ArcelorMittal, qui sont en effet toujours aussi réticents au déterminant projet de création de la société mixte devant les regrouper avec Ferphos Group et la Société nationale des transports ferroviaire (SNTF). Ce projet, initié par les pouvoirs publics, devait être mis sur pied en 2008, vu les actuelles et futures lourdes charges en termes d'investissements pour la SNTF, qui assure le transport d'une bonne part des six millions de tonnes /an de minerai (phosphate, charbon et fer) pour le compte des deux seules entreprises Ferphos et ArcelorMittal. Cette option de société mixte est aujourd'hui, considère Naït Merzoug Noreddine directeur régional de la SNTF Annaba, incontournable lorsqu'on sait que le flux des produits miniers transportés est appelé à augmenter. En effet, si Ferphos prévoit de porter sa production, qu'elle exporte, de 1,5 à 3 millions de tonnes de phosphate, le groupe ArcelorMittal ambitionne, quant à lui, de doubler sa production en acier liquide, soit de 1 à 2 millions de tonnes. Ce qui suppose, indique le même responsable,de lourds investissements supplémentaires que son entreprise ne pourrait supporter à elle seule. «Au même titre que nos partenaires de Ferphos Group, nous sommes plus que favorables à la création de cette société mixte. Nos intérêts sont indissociables et nous sommes étroitement liés tous les trois. C'est pourquoi, les pouvoirs publics ont décidé de nous regrouper dans le cadre de cette société. Si réticences il y a, elles émanent de l'indien ArcelorMittal», explique-t-il. L'étude relative au projet de création de cette société a été soumise pour discussions aux trois partenaires. Cette étude a été, pour rappel, attribuée à un bureau d'études américain et finalisée depuis près de deux ans. Obligation de transparence pour ArcelorMittal Le même bureau d'études a également été chargé de les accompagner lors des différentes étapes des négociations préalables à sa mise sur les rails. Aussi, il est convenu que la nouvelle société soit détenue à parts égales, soit 33% du capital social pour chacune des parties. Ainsi, comme prélude à cet important projet, en janvier 2008, un accord portant sur la redynamisation de l'activité fret de matières premières et produits finis avait été signé entre la SNTF et ses deux principaux clients ArcelorMittal El Hadjar et Ferphos. Dans cet accord, les contours du programme de transport pour les années à venir avaient été définis par les trois partenaires. Le nouveau plan fret arrêté sera de l'ordre de 5 600 t/jour, soit une moyenne de 2 millions de tonnes/an entre le complexe sidérurgique d'El Hadjar et le site minier de l'Ouenza. En ce qui concerne Ferphos Group, la SNTF a réussi à le convaincre sur un plus accru au transport ferroviaire de ses produits depuis le site de phosphate de Djebel Onk en lui proposant des trains blocs à même de fonctionner 24h/24 et en nombre suffisant pour ses besoins logistiques. Pour expliquer ce blocage, certains hauts cadres du groupe Sider (propriétaires des 30% à ArcelorMittal) estiment que la création de pareille entité mettrait sûrement dans l'embarras le partenaire indien. C'est du moins ce qu'ils laissent entendre lorsqu'ils affirment : «Si cette société venait à être concrétisée, ceci n'irait pas dans le sens des intérêts des Indiens dont la gestion du complexe sidérurgique, faut-il le dire, n'est pas exempte d'anomalies. En mettant en place ladite société mixte, ils se verront obligés d'appliquer la transparence, notamment dans leurs déclarations comptables. D'ailleurs, ils privilégient le tout-camion pour le transport de leurs produits pour éviter de déclarer les quantités réellement en transactions sur le marché national.» L'objectif recherché par l'Etat à travers la création de la société ArcelorMittal/Ferphos/SNTF consiste en l'optimisation de l'exploitation de la ligne minière Annaba-Djebel Onk. En cause, forte de ses 450 km de voies principales, les 45% qu'elle détient sur le chiffre d'affaires global de la SNTF, ses 55% de part en termes de tonnage du réseau national et ses 10% de la voirie globale de l'entreprise, cette ligne qui va de Ramdane Djamel (Skikda) à Bir Attar (Tébessa) reste considérablement sous-exploitée.