Ces questions, nous les avons posées à des concitoyens afin de connaître leurs avis sur le camping-car. Certes, durant les années 1970 et au début des années 1980, les Algériens et touristes étrangers voyageaient en camping-car en sillonnant le pays. Qu'en est-il aujourd'hui ? alors que, selon la version officielle, le pays a retrouvé sa quiétude et sa sérénité. Pour Hadjer, la vingtaine passée, le camping-car ne concerne que « les gens qui ont la possibilité de louer un studio, un deux-pièces au bord de la mer ou d'acheter un camping-car. Et ils ne sont pas nombreux à ma connaissance ». Pour cette étudiante qui ne possède ni les moyens de se payer un camping-car, ni encore moins de louer un cabanon à raison de 200 000 DA le mois au bord de la mer à Tipaza, elle se contente de sorties vers la grande bleue durant les week-ends avec des amies et c'est amplement suffisant pour elle, dit-elle. Interrogée sur la situation sécuritaire dans notre pays, notre interlocutrice affirme que cela n'est guère reluisant et n'incite pas à une balade en camping-car et en famille. « Et où allez-vous stationner votre véhicule afin de protéger votre famille ? A proximité d'un barrage de gendarmerie ? » Badri, célibataire, la trentaine passée, trouve que le camping-car n'est pas une question de culture mais celle d'un encouragement de la part de l'Etat. « En Algérie, le gouvernement n'encourage pas les gens à vivre leurs passions ni leurs hobbies. Il n'encourage même pas la promotion du tourisme. Certes, l'Algérien aime bien voyager en famille mais il cherche avant tout la sécurité et la quiétude. » Notre interlocuteur enchaîne en indiquant que les pouvoirs publics doivent réaliser des parkings et des aires de stationnement dédiées spécialement au camping-car afin de permettre aux vacanciers de voyager plus et de changer d'endroit le plus possible. « Ces aires de stationnement existent bel et bien en France, au Maroc, en Espagne et dans plusieurs pays où les familles viennent chaque année passer des vacances. Pourquoi cela n'existe-t-il pas chez nous, alors que nous avons un vaste pays avec une longue côte et des paysages féeriques ? », s'interroge notre vis-à-vis. Il ajoute que l'idéal pour un vacancier utilisant un camping-car est de changer d'endroit tous les trois jours afin d'apprécier les paysages. Cette vision est partagée également par Rafik, père de famille et amoureux du camping-car. Le problème du camping-car en Algérie est, selon lui, un problème de culture : « L'Algérien aime tout ce qui est en dur, il ne fait pas confiance au plastique. Il n'y a qu'à voir la manière avec laquelle les fenêtres sont bardées de barres de fer et les portes blindées. Les gens se cadenassent parce qu‘ils ont peur d'être agressés et volés, alors que dira-t-on d'un camping-car ? » Notre interlocuteur tient à ajouter que si l'aspect sécuritaire venait à être résolu, beaucoup d'Algériens se retourneraient vers le camping-car. « On bouge avec notre maison et on peut partir n'importe où, c'est magnifique ? Non ? » Amina, la quarantaine passée, et mère de trois enfants, pense que c'est avec plaisir qu'elle ferait le tour du pays à bord d'un camping-car : « Même si les moyens financiers ne le permettent pas, je visiterais plusieurs régions du pays à bord d'un véhicule aménagé. Je n'ai rien à payer, ni la location du studio à 200 000 DA ni le parasol ». D'après notre interlocutrice, le problème sécuritaire se pose avec acuité et l'Etat doit trouver les moyens d'inciter les gens à se tourner vers ce mode de vacances et de plaisance. « Les concessionnaires automobiles algériens doivent également s'y mettre. Aucun d'eux ne propose de camping-car et même les entreprises spécialisées dans le montage et l'aménagement ne sont pas présentes en Algérie ». Enfin, Mohamed, père de famille riche et propriétaire d'un véhicule aménagé de marque WV, revient lui aussi sur la situation sécuritaire qui n'est, d'après lui, pas propice pour un voyage en camping-car. « J'ai fait plusieurs circuits avec ma famille dans ce camping-car allant d'Alger en passant par Béjaïa, Jijel jusqu'à El Kala avant 1988 et c'était vraiment de bons moments dont je garde le souvenir. » Notre interlocuteur affirme avoir visité des villes du Sud comme Ghardaïa, Touggourt, Biskra et El Oued. Il précise que la situation sécuritaire s'est dégradée après 1988. « Aujourd'hui, je ne peux pas me permettre de prendre des risques avec ma famille. Ce véhicule, je le garde en souvenir des bons moments et je me déplace quelquefois pour aller juste à la plage. » Confiant, Mohamed assure qu'avec l'ouverture prochaine de l'autoroute Est-Ouest, il fera, « peut être », un déplacement vers plusieurs wilayas. Il stationnera dans des hôtels ou des complexes touristiques. Quant aux quelques concessionnaires automobiles que nous avons inter- rogés… (!) Les prix de la « proximité avec la nature » Liberté, indépendance, proximité avec la nature…, les vacances en camping-car font de plus en plus d'adeptes de l'autre côté de la Méditerranée et ce, en dépit d'un coût élevé, que ce soit l'achat ou la location. 150.000 Français sont adeptes du camping-car selon les estimations officielles. Pour acheter un camping-car neuf en Europe, il faut compter au minimum 28 000 Euros pour le plus léger et le plus petit des camping-cars, c'est-à-dire le fourgon aménagé. Les profilés, de forme aérodynamique, ou les capucines, avec couchettes au-dessus de la cabine du conducteur, valent, en entrée de gamme, de 35 000 à 45 000 Euros. Pour « l'intégral », considéré comme le nec plus ultra, il faut compter au minimum 60 000 Euros. Sauf qu'avec la crise mondiale qui secoue actuellement la majorité des pays, beaucoup de camping-cars et de caravanes sont proposés à des prix réduits.