A34 ans, Abir Nasraoui peut se targuer d'avoir une carrière artistique déjà bien établie. Cette Tunisienne, originaire de la petite ville de Kasserine, non loin de la frontière algérienne, a grandi dans une famille de mélomanes. Elle s'est imprégnée, dès son jeune âge, du patrimoine musical local et des grands standards de la chanson arabe des années cinquante. Mais elle a eu aussi accès aux musiques occidentales classique ou moderne, ce qui lui a permis d'avoir un très large champ de références. Au lycée, sa voix qu'elle a déjà entraînée, est remarquée pour ses qualités de clarté et de fluidité. Elle intègre aussitôt la chorale de l'établissement, puis diverses troupes où son talent, mais aussi sa prestance et son charme, la désignent comme une prometteuse chanteuse. Le chemin était tracé pour une belle petite carrière. Mais c'était sans compter sur la lucidité de la jeune fille. En 1996, le bac en poche, elle se tourne vers des études de musicologie. Elle veut apprendre, comprendre et prendre la musique par tous ses bouts et d'abord celui du savoir. Elle prépare sa maîtrise à l'université de Tunis, sans cesser de se produire. En 2001, elle décide de poursuivre ses études en postgraduation à la Sorbonne, se spécialisant dans les musiques du monde qui lui font découvrir encore de plus larges horizons. En 2005, elle entame une licence de sociologie pour parachever sa formation. Chanter oui, mais la tête bien pleine ! Abir Nasraoui, qui vit à Paris, ne joue d'ailleurs pas à la diva. L'artiste a plus d'une corde à son violon : écrivaine avec un recueil de nouvelles publiées, animatrice de radio sur RMC Moyen-Orient où elle anime une émission quotidienne sur la musique arabe, Ahl el Maghna, parolière de plusieurs de ses chansons… Son goût pour la littérature et les arts, son aisance avec les médias, son ouverture d'esprit, en font une figure atypique de la nouvelle chanson arabe. Actuellement, elle se situe à une étape importante, entre une notoriété acquise à l'échelle du monde arabe et l'amorce d'une dimension internationale. Jusque-là, elle a travaillé sur un répertoire où dominaient les reprises des grands noms de la chanson arabe, telles Oum Kaltoum et Ismahane, avec des références au patrimoine maghrébin et aux chants soufis. Mais de plus en plus ses propres créations s'affirment et l'on sent bien que son évolution était évidente avec des prestations remarquées aux Festivals de Carthage (notamment en 1999, dans le spectacle musical El Hadhra) et du Caire et qui la pousse désormais vers de plus lointains horizons. En l'incluant plusieurs fois dans ses programmes, l'Institut du monde arabe de Paris a, en quelque sorte, accéléré cette progression naissante. Ce n'est pas par hasard que Abir Nasraoui prépare, pour le printemps prochain, un spectacle où se mêleront des vieux tangos aux mélodies arabes. Une expérience qui n'est pas sans rappeler la prestation brillante du chanteur algérien de musique andalouse, Nouredine Saoudi, avec le fado portugais. Pour son concert à Alger, organisé par l'AARC (Agence algérienne de rayonnement culturel), la cantatrice tunisienne promet un spectacle d'autant plus captivant que l'engouement du public algérien ne lui est pas étranger. Salle Ibn Zeydoun. Ryadh El Feth, Alger. Lundi 15 mars à 19 h. Entrée : 300 DA.