L'entrée de Tassili Airlines dans le marché aérien ne bouleversera pas la donne, selon le patron d'Air Algérie. Abdelwahid Bouabdallah se dit confiant et « optimiste » quant à l'avenir de sa compagnie. « On va se partager le marché. Tassili Airlines est une filiale de Sonatrach, Il y aura de la concurrence et le meilleur l'emportera », explique M. Bouabdallah, contacté par téléphone. Il estime qu'il n'y a pas de comparaison possible entre les deux compagnies. « On ne peut pas mettre sur un pied d'égalité une compagnie qui a plusieurs décennies d'existence et Tassili Airlines, mais nous sommes là pour les aider », souligne le premier responsable de la compagnie algérienne. Air Algérie détient une part de marché supérieure à 50% sur les lignes extérieures. La saison estivale est l'une des plus rentables. Cet été, elle a programmé près de 60 vols supplémentaires. Mais la compagnie algérienne doit également faire face à la concurrence indirecte des compagnies qui proposent des sièges avec escale dans des pays tiers comme l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne ou le Maroc. La compagnie Air Algérie a passé des moments difficiles, mais elle travaille à améliorer son état de santé. Après plusieurs années déficitaires, elle remonte lentement la pente, améliorant son chiffre d'affaires et faisant baisser son endettement. Mais les problèmes qui ont terni l'image de l'entreprise sont toujours là. Le manque de ponctualité, la cherté des billets et la fuite des cadres vers des compagnies étrangères restent les principaux points noirs de la compagnie. Air Algérie n'est certes pas la seule responsable des retards enregistrés, mais ce problème est devenu indissociable de la compagnie aérienne. Selon les cadres de l'entreprise, des facteurs « exogènes » participent à maintenir la situation. Les conditions météorologiques, les embouteillages entravant l'accès à l'aéroport, ou certains aéroports de l'intérieur qui ne disposent pas des équipements nécessaires pour l'atterrissage peuvent retarder les avions d'Air Algérie, nous a expliqué l'un des responsables de la compagnie. Dans la mesure où la compagnie programme des rotations de vols à la fois nationaux et internationaux, un seul retard peut entraîner un effet domino sur tous les vols. Les syndicalistes de la compagnie estiment, de leur côté, qu'il s'agit d'un problème « d'organisation horaire » et de « gestion obsolète ». Pour le patron d'Air Algérie, « le programme de la compagnie est encore surdimensionné par rapport à la flotte de la compagnie. La totalité des avions sont en exploitation. Nous avons eu à gérer le transport des participants au Panaf', la charge de travail est importante », explique M. Bouabdallah. Il estime le taux de ponctualité à près de 75%. 500 pilotes seront formés d'ici l'année prochaine L'autre tare d'Air Algérie est liée à la cherté des billets d'avion. L'Algérie est l'une des destinations les plus chères au monde. « Oui, il est vrai que les prix sont encore trop élevés. Le problème est que nous ne pouvons pas les diminuer lorsque l'offre n'est pas élevée », explique M. Bouabdallah. La compagnie se retrouve ainsi face un dilemme. « C'est bientôt Ramadhan et nous ne savons pas quel sera le comportement des clients », affirme le numéro un de la compagnie. Pour ce qui est des départs des pilotes vers les compagnies plus rémunératrices, un cadre d'Air Algérie nous a expliqué que cela n'est pas lié uniquement aux salaires proposés par les compagnies étrangères, mais également à la « qualité de vie » et aux conditions de travail. Le patron d'Air Algérie a souligné, dans une intervention médiatique, que 500 pilotes seront formés d'ici l'année prochaine et également que 144 pilotes de la défunte Khalifa Airways ont été recrutés ces dernières années. Il est à rappeler que le chiffre d'affaires d'Air Algérie a atteint 54,364 milliards de dinars contre 49,423 milliards pour l'exercice 2007, soit une hausse de 10%. Le bénéfice après impôts est de 2,989 milliards de dinars, contre 2,107 milliards en 2007. L'endettement de la compagnie a marqué un recul de 13%. En 2008, Air Algérie a transporté plus de 3,2 millions de passagers, dont 1,8 million sur le réseau international, soit un accroissement de 9% par rapport à 2007. La compagnie aérienne a lancé un plan d'investissement de 100 milliards de dinars (environ un milliard d'euros) entre 2009 et 2014.