Après l'appel, dimanche, du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, au président palestinien, Mahmoud Abbas, pour une reprise immédiate des négociations de paix, son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Liebermann, chef du parti d'extrême droite Israël Beitenou, a qualifié, sur les ondes de la radio publique israélienne, le président Abbas d'« illégitime ». Ghaza De notre correspondant Utilisant le clivage politique issu du coup de force opéré par le mouvement islamiste Hamas dans la bande de Ghaza et l'absence des institutions de l'Autorité palestinienne dans ce territoire depuis le mois de juin 2007, Lieberman a dit :« Nous avons signé un accord avec l'Autorité palestinienne. Nous l'avons signé avec l'autorité qui représente les Palestiniens. Aujourd'hui, vous avez un Fatah land en Judée et Samarie et un Hamastan à Ghaza. Qui Mahmoud Abbas représente-t-il ? La moitié d'une nation, au mieux. » Ces propos sévères montrent à quel point le président Abbas représente un danger pour la poursuite du projet israélien actuel qui tend à étendre la colonisation des terres palestiniennes de Cisjordanie, la judaïsation de la ville sainte d'El Qods et l'isolation de Palestiniens dans des bantoustans. Ayant perdu tout espoir de voir le président Mahmoud Abbas marcher selon la vision de la droite et de l'extrême droite israéliennes au pouvoir et du règlement du conflit avec les Palestiniens consistant en la création d'un pseudo Etat démilitarisé sans la ville sainte occupée en 1967, le gouvernement israélien essaye d'abattre un homme qu'il a cru affaibli au point d'accepter tout ce qu'on lui offre. La modération de Mahmoud Abbas, ponctuée d'une intransigeance dans les dossiers principaux de la question palestinienne, est devenue le point fort d'un homme qui ne cesse de susciter l'admiration de la communauté internationale, et cela dérange Israël. Il devient donc « infréquentable » aux yeux d'Israël. Dans la bande de Ghaza, Israël n'a pas hésité à mener une véritable guerre, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, non pas dans le but de mettre un terme au régime du mouvement Hamas car il ne veut pas voir la fin des divisions interpalestiniennes, mais juste pour l'affaiblir et le pousser à arrêter toute attaque armée contre son territoire. Les attaques et les opérations armées de la résistance ont cessé depuis des mois, malgré la poursuite du blocus israélien et la fermeture quasi constante des points de passage, mais le mouvement Hamas est toujours présent, dominant le territoire en solo. Cette situation n'embarrasse pas Israël, qui répond aux critiques concernant les punitions collectives dans la bande de Ghaza en estimant que ce sont de mesures « nécessaires pour se protéger du terrorisme palestinien ». Acculé par ses propres alliés occidentaux, Israël n'arrête pas ses tentatives de fuir ses responsabilités. Tantôt par sa proposition – qu'aucun Palestinien ne peut accepter au demeurant – d'un Etat « démilitarisé » et la reconnaissance d'Israël comme un « Etat juif », tantôt par son refus d'arrêter la colonisation. Cette fois, il va même jusqu'à remettre en cause la légitimité du président palestinien lui-même, ce qui signifie l'absence d'un partenaire valable.