Cofondateur du magazine Le Journal , auteur de Mohammed VI, le grand malentendu « Pour notre génération, nous qui avons vécu les 40 années de règne sans partage de Hassan II, la monarchie est devenue incontestable. Elle est intégrée dans l'histoire et la culture marocaine. On n'imagine pas, à vrai dire, un changement de régime au point où des Marocains défendraient un idéal républicain. Franchement, dans le monde arabe, entre un système monarchique ou républicain, la frontière existe-t-elle vraiment ? Il serait donc plus sensé de parler de démocratie, de séparation des pouvoirs… de libertés, car la monarchie en elle-même, en tant qu'institution, je ne la conteste pas aujourd'hui. Par contre, c'est le système qui nous a donné beaucoup d'espoirs mais qui n'arrive pas à se réformer de l'intérieur qui nous déçoit. Depuis la disparition de Hassan II et l'intronisation de Mohammed VI, on pensait vraiment inaugurer une nouvelle ère et passer un système plus démocratique, comme le système espagnol qui a fait ses preuves. A ces grands espoirs succède une grande déception. On s'aperçoit, après coup, qu'on n'est pas allés aussi profondément dans cette transition restée inachevée. Pis encore, on est passé d'une monarchie absolue, répressive, féodale sous Hassan II, à une hypermonarchie qui concentre tous les pouvoirs, au point où elle se retrouve seule. »