Il n'est jamais trop tard pour bien faire, surtout pour honorer le mérite. En effet, la nouvelle de l'attribution de ce prix, qui remonte à février 2010, est passée de manière plutôt inaperçue ! Pour la 2e édition de la rentrée littéraire du Mali, Suzanne El Farrah El Kenz a été sélectionnée pour son récit La Maison du Néguev (Editions APIC, Alger). La manifestation qui demeure encore modeste, par son ampleur et son audience, est devenue un rendez-vous africain prometteur. Ses organisateurs ont su, en tout cas, réunir un jury crédible présidé par l'écrivain Thierno Monemembo et où figurait, parmi d'autres plumes aux talents confirmés, l'écrivain Rachid Boudjedra. Suzanne El Farrah El Kenz, dont l'œuvre s'est trouvée en ultime compétition avec Le Piège de la camerounaise Clarisse Mobeso, a finalement emporté l'adhésion des jurés et le grand prix Yambo Ouologuem de la rentrée littéraire du Mali, doté d'une récompense de cinq millions de francs CFA. Née en 1958 à Ghaza, l'auteure de La Maison du Néguev a vécu pleinement l'exil palestinien qui l'a menée successivement en Egypte, en Arabie Saoudite, en Algérie, en Tunisie et en France. Professeur de langue, elle est l'épouse de l'éminent sociologue algérien, Ali El Kenz. Elle relate dans son récit émouvant, mené d'une langue alerte et sobre, l'histoire de son exil à épisodes et, notamment, le retour avec son fils vers une certaine maison du Néguev, celle de sa mère défunte, à laquelle sont attachés tant de souvenirs rendus douloureux par la spoliation. Ecrit comme un journal, le récit offre le regard d'une femme qui sait croquer la grande histoire en deux mots et trois images, avec autant de gravité et de pertinence que d'humour. C'est le premier ouvrage de Suzanne El Farrah El Kenz, et espérons que ce prix lui donnera l'envie d'en écrire d'autres.