Ourabah Allawa, fait partie de ce qu'on pourrait appeler le messager des deux rives. En effet, durant presque un demi-siècle, cet artiste, qui est aussi auteur et compositeur, a inlassablement accompagné les enfants netmourth (les enfants du pays), par ses textes et ses musiques. De son village natal d'Amizour, dans la wilaya de Béjaïa, il débarque en France vers les années 50. Il se choisira un nom d'artiste est devint Allawa Jabrane. Il monte une troupe et se lance à la conquête d'espaces pour faire entendre la voix des siens. Il se fixa pour objectif de faire connaître « la culture Kabyle, les peines de mes compatriotes et surtout apporter un réconfort pour surmonter le désespoir qui rongeait certains exilés », nous dira Jabrane, aujourd'hui âgé de 75 ans. Outre cet objectif, l'artiste militait, à travers ses poèmes, pour rapprocher la communauté autochtone (entendre les français de souche, ndlr), de la communauté maghrébine. Et aussi dire que les immigrés « ne sont pas là que pour le travail et qu'ils apportent avec eux toute une civilisation qu'ils veulent partager avec d'autres », nous dira cet artiste et néanmoins enseignant de luth à l'école de la Drôme. Allawa Jabrane chantait ses propres textes aux thèmes variés. Il chantera l'émigration et l'exil, la femme et l'amour, la terre natale et le soleil du pays, la trahison et le désespoir. Plusieurs textes, signés de l'auteur, sont traduits en langue française dont La trahison, un poème traduit par Mme Neziha Soltani et édité par l'imprimerie Sodéri, de Grenoble, dans le département de l'Isère, en France. Deux CD de ce chanteur sont édités par une association Française, dénommée Deuxième souffle, le premier intitulé Chants de l'Exil et le second « Allawa Jabrane chante la Kabylie ». Comme certain artiste dont Amar Ezzahi, Allawa Jabrane n'est pas un adepte des médias, mais c'est un talentueux artiste, un parfait joueur de luth et un excellent poète qui, depuis sa première scène à Poitiers, ne s'arrêtera pas. Et d'une scène à une autre, pendant presque un demi-siècle, il attelait, avec ses cordes de luth, les deux rives.