L'on a noté l'absence de Saïd Sadi, mais la présence de nombreux élus locaux et des parlementaires du RCD. Sur les banderoles on pouvait lire : «Le 20 Avril, une alternative à la terreur et à la corruption», «Officialisation de la langue amazigh» et «Pour les libertés démocratiques». L'ambiance était bon enfant. La manifestation s'est déroulée dans le calme. Arrivés au niveau du CHU et au «Carrefour du printemps noir», au centre-ville, les marcheurs ont observé un halte silencieuse avant de reprendre les slogans hostiles aux dirigeants du pays. Arrivés devant le jardin public Mohand Oulhadj, une prise de parole a été improvisée par le sénateur Ikharbane, après la lecture d'une déclaration par un étudiant, membre du bureau régional du RCD. Bouira renoue avec les manifestations Par ailleurs, à l'appel du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) que dirige Ferhat Mehenni, une marche a été organisée. Il était 11h quand le premier carré de la procession s'est ébranlé devant le portail principal du campus universitaire de Hasnaoua, en scandant «Pour l'autonomie de la Kabylie» et «Justice pour les martyrs de la Kabylie». Des marcheurs brandissaient des portraits du leader du MAK et de Matoub Lounès. Devant le stade du 1er Novembre, les marcheurs ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes du printemps noir. Des blessés des événements de 2001 ont pris part à la manifestation, dont un a participé à la marche sur un fauteuil roulant. Par ailleurs, à Bouira, trois marches rassemblant des centaines de personnes ont été organisées séparément par le RCD, le MAK et le mouvement des archs. «Pouvoir assassin», «Tamazight langue nationale et officielle», «Ulac smah ulac» étaient les slogans partagés par ces processions distinctes et d'inégale importance. Devant le siège de la wilaya, où la marche du RCD a pris fin, le premier responsable de ce parti dans la wilaya, Boutata Ahmed, a saisi l'opportunité de s'adresser à la foule, venue commémorer le 20 Avril. «Le régime voudrait que nos rangs restent dispersés», a-t-il dit pour exhorter les militants de la cause à l'union. Pour le mouvement des archs, dont les militants ont marché jusqu'au siège de la wilaya, il a été question de revenir sur plusieurs questions. «Certains blessés du printemps noir n'ont pas été pris en charge à ce jour», a déclaré un membre de la coordination. Le mouvement des archs demande également que justice soit faite sur «tous les crimes commis» au printemps 2001. Evoquant la satisfaction de la plate-forme de revendications d'El Kseur, le mouvement des archs estime que «le pouvoir n'a pas tenu ses promesses». La marche du MAK, organisée par des étudiants, a démarré devant le centre universitaire Akli Mohand Oulhadj pour aboutir à la wilaya. Rassemblements et marches à Béjaïa Ils étaient près de 2000 à avoir pris part, hier à Béjaïa, aux traditionnelles marches populaires pour commémorer le double anniversaire d'avril 1980 et 2001. Trois marches ont eu lieu, en milieu de journée, avec comme point de convergence le siège de la wilaya. Il est 10h quand des centaines de militants et sympathisants du RCD, dont des députés et des cadres du parti, ont pris le départ de la maison de la culture Taos Amrouche pour se diriger vers la wilaya. Les marcheurs arboraient des banderoles réclamant notamment l'officialisation de tamazight mais aussi des revendications politiques défendues traditionnellement par ce parti. Deux heures plus tard, c'est au tour d'un cortège formé de sympathisants, en majorité des étudiants acquis à la cause du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) d'arriver aux abords du siège de la wilaya. Le MAK a mobilisé près d'un millier de personnes qui ont marché, brandissant banderoles et portraits du leader du mouvement, Ferhat Mehenni, depuis le campus universitaire Targa Ouzemour jusqu'à la wilaya, où une foule compacte a observé un rassemblement. Le sit-in a été ponctué par la diffusion d'un chant inédit que les animateurs ont présenté comme «l'hymne de la Kabylie». Au même moment, une centaine de mètres plus loin, une coordination estudiantine mobilisait près d'une centaine d'étudiantes et étudiants qui ont pris part à une longue marche depuis le campus d'Aboudaou. Arborant l'emblème national, les étudiants scandaient des slogans hostiles au pouvoir. La coordination des étudiants regroupe une dizaine de comités des cités universitaires. «Non à l'étouffement des libertés», criait la foule qui a également dénoncé «le maintien de l'état d'urgence». Ainsi, la mobilisation est loin d'être dans ses meilleurs jours.