Dans le cadre de la double célébration du Printemps berbère d'avril 80 et du Printemps noir d'avril 2001, les sympathisants du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) se sont rassemblés, hier, devant l'université Mouloud- Mammeri avant d'entamer, vers 11h, une marche pacifique. Outre les portraits de Lounès Matoub et des victimes du Printemps noir, les manifestants ont déployé de grandes banderoles où l'on pouvait lire : "Laïcité, l'autre nom des esprits forts", "Non à l'organisation de l'oubli, être ou ne pas être amazigh", "Pour une Kabylie libre et indépendante." Les marcheurs ont évoqué, par ailleurs, les arrestations de militants du MAK à Ouadhia qui ont été relâchés en début d'après-midi. Arrivés à l'esplanade située à l'entrée est de la "ville des Genêts", le président du MAK, Bouaziz Aït Chebib, et d'autres animateurs du mouvement se sont succédé pour des prises de parole suivies d'une animation artistique assurée par le chanteur Oulahlou, connu pour ses textes engagés et hostiles au pouvoir. Dans une déclaration de son conseil universitaire, le MAK affirme que "les circonstances de la commémoration de cette date repère pour notre peuple est particulièrement exceptionnelle dans la mesure où le pouvoir algérien joue l'une de ses dernières cartes afin de se maintenir et de maintenir le chaos qui caractérise l'ensemble des couches sociales qui composent les peuples qui sont enchaînés sous sa coupe", en ajoutant que "cette marche du double printemps kabyle revient pour nous donner encore une fois l'occasion de reprendre l'espace public qu'on nous a confisqué". À Béjaïa, un collectif d'étudiants a organisé une marche juste après celle du RCD. Ils étaient quelques centaines à défiler sur le même itinéraire et à bonne distance de leurs prédécesseurs et de leurs poursuivants, les militants du MAK, qui ont clôturé la marche, qui a drainé, elle aussi, des milliers de personnes ; elle a été entamé depuis le campus de Targa-Ouzemour vers la place de la Liberté Saïd-Mekbel. Brandissant des "emblèmes kabyles", les manifestants scandent : "Kabylie indépendante", "Pouvoir assassin" et "Pouvoir colonial d'Alger". À la place Saïd-Mekbel, Mouloud Mebarki et Farid Djenadi, respectivement président du conseil et secrétaire général du MAK, se sont adressés aux manifestants. Dans son intervention, Farid Djenadi n'a pas omis d'exiger "La libération du docteur Fekhar et d'autres militants mozabites". La marche du MAK s'est déroulée, également, dans le calme. À Bouira, les partisans du MAK ont marché, hier, pour réclamer "l'indépendance de la Kabylie" et ne plus appartenir au "pouvoir colonial d'Alger". Ainsi, ils étaient près de 150 à s'être rassemblés devant l'université d'Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira, lieu de départ de leur marche qui les conduira à l'esplanade de la maison de la culture Ali-Zamoum. Les marcheurs, en majorité des jeunes, voire des adolescents, ont dénoncé "l'oppression du colonisateur algérien", qui, selon eux, refuse de reconnaître la Kabylie comme une région "libre et indépendante". Une fois arrivés devant le siège de la wilaya, les manifestants donnaient l'impression de vouloir en découdre avec les forces anti-émeutes qui quadrillaient les lieux. Provocations en tout genre, insultes et autres moqueries à l'égard des policiers. Ils ont joué la carte de la provocation à outrance. Fort heureusement, les agents de l'ordre avaient pour instruction de ne pas broncher. Il était très clair que le MAK voulait que des émeutes éclatent et se placer en victimes de "brutalités policières", mais les forces de l'ordre ne leur en ont pas donné cette occasion. K. T./L. O./R. B.