L'Algérie connaît actuellement une explosion de cybercafés dans les centres urbains. Notre pays en compte désormais plus de 4000. L'attraction pour le cybercafé est directement liée à un besoin de communication (échanges avec l'extérieur : courrier électronique) mais surtout à un besoin d'informations (consultation de sites qui informent sur les cursus scolaires, les opportunités d'émigration). Deux mécanismes rendent le cybercafé intéressant : d'une part, il offre une alternative à coût réduit au modèle plus onéreux de possession personnelle et à l'accès dans les pays en voie de développement, il abaisse ainsi les multiples barrières financières (dont l'investissement dans le matériel et les logiciels, les coûts mensuels, les dépenses pour les mises à jour et la sécurité). D'autre part, les cybercafés peuvent avoir les fonctions de centres pour l'assistance, l'éducation et l'apprentissage de nouveaux outils et peuvent donc aider les gens à surmonter les lacunes qui, en temps normal, les excluraient à l'accès aux nouvelles technologies. Les cybercafés peuvent être vus comme des besoins simplement transitoires qui diminueront avec l'accès grandissant dans les domiciles. Mais les cybercafés offrent-ils vraiment internet aux masses ? Ou servent-ils simplement à une élite urbaine ? De manière générale, les utilisateurs sont jeunes, la moyenne d'âge étant 26 ans. Plus de 70% d'entre eux ont moins de 30 ans. Le service le plus fréquemment utilisé dans les cybercafés est évidemment la Toile mondiale, suivi par la messagerie électronique, les appels téléphoniques via le net, les jeux et « chat ». Presque la moitié des personnes interrogées à Alger se rendent dans les cybercafés pour des raisons liées à la scolarité, d'où le nombre élevé d'étudiants. Mais il faut noter que de nombreux professeurs se rendent dans ces établissements pour préparer leurs cours. Le »cyber » est devenu un lieu de contact social, de découverte et d'apprentissage. C'est surtout un lieu de recherche d'informations. Les usagers qui le fréquentent sont plutôt des « habitués » qui viennent au moins une fois par semaine. La durée de visite est de 30 mn à 2h et la fréquentation se fait plutôt le soir. L'accès de l'Algérie au réseau internet remonte à 1991. Les premiers abonnés se sont connectés l'année suivante. Toutefois, il faut attendre le 5 août 1998 pour que les pouvoirs publics autorisent officiellement la fourniture au public d'un accès à internet par des sociétés spécialisées. Mais là où le web est le plus largement utilisé en Algérie, c'est en tant qu'outil de communication. Il constitue surtout un nouvel espace de rencontre et de débats, à travers des sites de forums et de « chat ». Les internautes n'hésitent pas à parler librement de sujets hautement douloureux en Algérie, comme la situation sécuritaire ou le sida sans fausse pudeur. Internet devient graduellement le premier média des jeunes, devant même la télévision.