Il est jeune et beau. Il a le show dans la peau. Et quand il monte sur scène devant 1000 personnes survoltées acquises à sa cause et à sa muse, Ali Amran ne met pas plus de deux minutes pour rentrer dans le vif du sujet. C'était samedi après-midi à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, à l'occasion d'un concert exceptionnel. A 14h, une heure avant le début du spectacle, l'entrée de la salle était déjà noire de monde. Le public était composé en majorité de jeunes. Le service d'ordre était impeccable. Pas la moindre bousculade ni incident. Les minutes s'égrènent, le public piaffe d'impatience avant l'ouverture de la salle. A l'intérieur, la star du jour est déjà à l'œuvre pour le réglage de la balance. En professionnel de la scène, habitué aux grands spectacles outre-mer, Ali Amran ne badine pas avec le son et les gens. Rien n'est laissé au hasard. Tout doit être parfait. Dans les coulisses, Arezki Azouz, cheville ouvrière du comité d'organisation, et Mazigh, producteur à la radio, veillent au grain en attendant le lever de rideau. Retour à l'extérieur. Les fans de la révélation du rock continuent d'affluer. Ils sont venus des quatre coins de la wilaya. C'est à guichets fermés, pour 200 DA la place, que le crooner, natif de Maâtkas et vivant en Finlande, entamera son premier spectacle de sa tournée artistique. La grande salle est comble. Même le devant de la scène et les allées sont occupées et les issues de secours bloquées. Des dizaines de personnes n'ont pu y accéder faute de places. A 15 h, Zira, la pétillante animatrice de la Chaîne II monte sur scène pour annoncer le début du spectacle. En ouverture, c'est la chorale de l'école primaire de Boukhalfa qui interprétera sous forme d'opérette Thavalizth, (La valise), une superbe chanson de Ali Amran sortie dans son dernier album Akki dhamur, avant que celui-ci ne prenne le relais pour deux heures de bonheur. Habillé cool, guitare acoustique en bandoulière, il entamera son tour de chants par Akki dhamur, dans laquelle il dépeint les déboires d'une jeunesse aux abois. Le propos est profond et la musique entraînante. Bien accompagné par ses musiciens sous des «lights» fabuleux, il enchaînera avec d'autres titres puisés de son dernier opus, Akki dhamur, Awiyi, Noir et blanc (chanté en français), Ray ulac, Tilufa, Sfina, Abrid tabalizth… Ses anciens tubes qui l'ont fait connaître au public au tout début de sa carrière, comme Avghigh akamhamlagh (Je veux t'aimer !), Hamlaghkam akka (Je t'aime ainsi !), étaient également au menu. Toujours à l'écoute des désirs de son auditoire, il ne se fait pas prier pour lui offrir toutes les chansons réclamées, notamment Tavalizth, Ayaklalass. Des textes, à vrai dire, plus chantés par le public que par l'artiste. La communion est totale. Des jeunes immortalisent la magnifique prestation de la star montante du folk rock kabyle à l'aide de leurs caméscopes et portables. Le spectacle est également filmé par BRTV, la chaîne privée basée à Paris, un des nombreux sponsors de cette caravane musicale. Véritable bête de scène, la guest star de la soirée est en transe. Le public aussi. La piste de danse de la maison de la culture, trop exiguë pour ce genre d'événements, s'anime par des déhanchements endiablés. Ali Amrane aura confirmé sa maestria et sa place au panthéon de la musique pop rock algérienne. Sacrée soirée. Chapeau bas l'artiste !