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Nouvelles règles pour l'industrie cinématographique en Algérie : L'exploitation des salles de projection soumise à un cahier des charges
Publié dans El Watan le 13 - 07 - 2010

L'absence a été un prétexte pour «la bureaucratie culturelle
» de bloquer toutes les initiatives. Un projet de loi
fixant les règles générales relatives à l'industrie et à l'activité
commerciale cinématographiques a été approuvé
dimanche par le Conseil des ministres. A travers ce texte,
le ministère de la Culture renforce ses prérogatives en
matière de délivrance d'autorisation pour la réalisation,
l'exploitation, la diffusion et la distribution des films. La
projection publique à des fins non commerciales
d'oeuvres audiovisuelles est, elle aussi, soumise à autorisation
du même ministère. L'exploitation des salles de
projection de film sera, selon le nouveau texte, soumis à
un cahier des charges. Le département de Khalida Toumi
tente de réparer un faillite qui a transformé des salles de
cinéma, patrimoine national, en de simple salles de projection
vidéo et de gargotes. Le même département a des
difficultés à récupérer des salles, qui sont la propriété de
certaines collectivités locales.
Celles-ci, comme c'est le
cas dans des villes comme Constantine, Blida, Annaba et
Mostaganem ne font aucun effort pour réhabiliter les
salles et pour relancer leurs activités cinématographiques.
Des APC ont donné la gestion de ces salles à
des personnes n'ayant aucun lien avec l'art cinématographique.
Le résultat est catastrophique. A Alger, il a fallu
beaucoup de temps pour «réhabiliter» certaines salles
telles que l'Algeria, l'ABC et le Casino. Des procédures
judiciaires compliquées retardent la reprise d'autres
salles. Oran a pu récupérer certaines salles grâce au
Festival du film arabe. La relance de manifestations
telles que les Journées cinématographiques méditerranéennes
de Annaba (JCMA) et le Panorama de
Constantine permettra probablement à ces deux grandes
villes de retrouver l'ambiance du septième art. «Le texte institue le
dépôt auprès de l'instance chargée de la conservation cinématographique
d'une copie des films nationaux et étrangers diffusés dans le
pays à l'expiration des droits d'exploitation, ainsi que des films déjà
produits ou à produire relatifs à la guerre de Libération nationale»,
est-il précisé dans le projet de loi et repris par l'agence APS.
Autrement dit, les cinémathèques, qui ont perdu beaucoup de leur
aura ces dernières années, auront à reprendre leur rôle de conservation.
«Or, on ne fait plus de conservation. Au contraire, la cinémathèque
détruit, malgré elle, le patrimoine national. Il n'existe pas
d'infrastructures pour refaire les copies.
Les archivistes et les documentalistes
peuvent en un ou deux ans apprendre les techniques de
réfection et la remise en ordre des films, comme on le fait pour les
livres. Cela permettra de retirer des copies pour la diffusion et
d'autres pour les archives. Le système numérique permet
d'avoir accès à ces techniques», nous a déclaré récemment
Mohamed Bensalah, critique, cinéaste et enseignant
à l'université d'Oran. Selon lui, la cinémathèque ne
signifie pas de choisir un endroit, tel que la Bibliothèque
nationale comme lieu de stockage de films. «La cinémathèque
ne fait pas que stocker les films, mais elle doit
les régénérer. Nous avons un patrimoine extraordinaire
qui est en jachère. Il faut le réveiller», a-t-il appuyé.
Dans une perspective de protéger les métiers du cinéma
et de garantir une activité continue pour les techniciens
algériens, le nouveau texte, le projet de loi oblige les
producteurs étrangers procédant à des tournages en
Algérie de recourir à des collaborateurs nationaux. Cela
évite au moins à ces producteurs de ne pas venir avec
armes et bagages réaliser des longs métrages sans faire
profiter la main- d'oeuvre locale du savoir-faire. «Nous
avons perdu beaucoup de métiers liés au cinéma. Il faut
former. Je veux plus qu'une école de cinéma. Je veux que
le cinéma soit enseigné à l'école en tant que matière.
Mais, il faut qu'on s'entende sur la politique cinématographique
en Algérie. Lorsque l'Etat a voulu reprendre
le projet du métro d'Alger, il l'a fait. Cette volonté doit
être valable pour le cinéma aussi», nous a déclaré Amina
Bachir Chouikh, cinéaste (lire entretien dans nos prochaines
éditions).
Le projet de loi a prévu un soutien à la formation aux
métiers du cinéma, y compris l'octroi d'encouragements
publics au profit des stagiaires. Le principe d'une aide
publique aux entreprises algériennes de production, de
distribution, d'exploitation et de diffusion cinématographiques
est retenu dans le texte. Il s'agit probablement de
donner plus de consistance au fameux FDATIC (Fonds
de soutien) qualifié de faible par les professionnels du
septième art. Intervenant lors du Conseil des ministres,
le président Abdelaziz Bouteflika a annoncé que les
films liés à la lutte de Libération nationale feront l'objet
d'un soutien direct du budget de l'Etat. C'est peut-être
une manière d'éviter que des films polémiques sur cette guerre
soient produits à partir de fonds publics. Les Algériens, dans leur
grande majorité, n'ont pas encore vu le film Ben Boulaïd d'Ahmed
Rachedi. La petite controverse qui est née autour de ce long métrage
a été vite étouffée, alors que Rachid Bouchareb, qui était à Alger
la semaine écoulée, n'a toujours pas confirmé s'il réalisera un film
sur la vie de l'Emir Abdelkader.


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