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Ahmed Benbitour expose les grandes lignes à Oran
Publié dans El Watan le 23 - 05 - 2010

On remarquera tout d'abord la similitude de la démarche du comité animé, des années auparavant, à Oran par Hadj Bengasmia, réunissant des personnalités locales issues du mouvement associatif, politique ou indépendantes et celle entreprise aujourd'hui par l'ancien chef de gouvernement qui ambitionne, lui aussi, de réunir, hors des structures partisanes et autour d'un projet commun, ce qu'il a appelé les compétences nationales. «La rente est une force d'inertie qui retarde le processus, mais une fois que le système viendra à se désagréger, il entraînera avec lui toute la société», prévient-il en estimant toutefois que le changement ne viendra ni de l'intérieur ni des satellites du système. Il préconise une pression pacifique permanente et longue de la société sur le pouvoir en attendant l'élément déclencheur qui fera basculer les choses. A la lumière des expériences des pays qui ont eu à gérer une période de transition, Ahmed Benbitour tire des conclusions sur l'Algérie. Par «pouvoir autoritariste et patrimonialiste», il désigne «un chef entouré de courtisans en compétition dans le zèle et qui tous considèrent que la société est arriérée». Il remarquera sur le plan économique que plus les recettes pétrolières augmentent, plus la dépendance vis-à-vis de la fiscalité pétrolière augmente, ce qui suppose que la richesse n'est pas investie dans le circuit productif. Actuellement, les hydrocarbures représentent 98% des rentrées en devises et 75% de recettes fiscales.
Ces dernières n'excédaient pas 40% dans les années 1970, a-t-il indiqué. Il impute cette situation à la prédation autour des recettes des hydrocarbures, que ce soit dans les projets publics (les scandales qui ont éclaté cette année autour de Sonatrach et de l'autoroute Est-Ouest), dans les prêts bancaires ou dans les programmes d'importation. Pour lui, la corruption du pouvoir conjuguée à celle de l'argent ne peut qu'aboutir qu'à la déliquescence de l'Etat qui perd ses capacités régaliennes, la capacité à garantir le droit, la capacité à réguler l'économie, la légitimité des institutions et, enfin, la capacité à capitaliser les compétences nationales. Il remarquera au sujet des institutions, comme l'APN, qu'elles ne sont reconnues ni par la population ni par le pouvoir. C'est en réponse à toutes ces préoccupations et comme alternative aux actions partisanes qui n'ont pas abouti que le CICC ambitionne d'innover en matière de travail politique, en faisant émerger de nouvelles forces sociales pour un changement pacifique à long terme.
La nouveauté vient d'abord de l'usage qu'on compte faire d'Internet et des réseaux sociaux sur le web pour la mobilisation. Le CICC prône, également, un leadership mais au sens managérial du terme avec un objectif bien précis, qui est celui du changement du mode de gouvernance avec la définition des étapes à suivre pour l'atteindre. Son appel à la mobilisation pacifique pour la refondation de l'Etat, de l'économie, de l'école et de la politique sociale a eu, en théorie, un accueil favorable auprès de l'assistance formée de militants politiques, de syndicalistes, d'acteurs associatifs, mais c'est dans la démarche que les avis ont divergé. Pour certains intervenants, les luttes sociales ont déjà commencé sur le terrain et ce que propose le CICC en termes de réflexion, notamment en prônant le réseau virtuel, risque de passer à côté du réel.
Ceci, d'autant plus que, fait remarquer un syndicaliste, le pouvoir a su s'accommoder même des situations où il n'y avait pas de rente, lorsque le pays était endetté. «Accordez vos violons, nous sommes là pour vous suivre sur le terrain», a suggéré un des animateurs du Civic s'adressant à Ahmed Benbitour à quelqu'un parmi plusieurs personnalités nationales qui prônent le changement sans arriver à parler d'une même voix.


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