Outrée et scandalisée par la circulaire visant à limiter le droit de sortie des chercheurs et enseignants de l'université algérienne, la communauté universitaire proteste contre cette mesure et estime que la généralisation des mesures de rétorsion à toute la recherche (en sciences humaines et sociales) est une atteinte intolérable aux lois et règlements qui régissent le corps des enseignants du supérieur et les chercheurs rattachés aux centres et instituts dépendant du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS). Il s'agit là, selon les universitaires algériens, d'un retour à l'ignoble autorisation de sortie imposée aux citoyens dans les années 1970. «A quel titre et au nom de quel décret et de quelle autorité autre qu'académique des historiens, des sociologues, des psychologues devraient soumettre leurs travaux pour obtenir un quitus de nous ne savons quelle autorité ?», se sont interrogés les universitaires algériens. Dans une note préliminaire, ces derniers regrettent que le ministère travaille dans l'opacité, d'autant plus qu'ils ne connaissent, jusqu'à l'heure, ni le contenu ni la portée de la circulaire en question. Relatant les faits, ces universitaires font remarquer que depuis que l'université et la recherche scientifique existent, ils participent à des rencontres internationales en mettant en débat le résultat de leurs travaux (toutes disciplines confondues). Il semblerait, expliquent les contestataires, qu'aux yeux des autorités de tutelle saisies par d'autres instances (ministères des Affaires étrangères et de l'Intérieur, DRS), des propos auraient été tenus et des positions défendues par les personnes incriminées qui iraient à l'encontre de la politique du gouvernement et des intérêts de l'Etat. Sanctionner les concernés La tutelle aurait été également destinataire de plaintes d'universités ou de gouvernements étrangers (du Moyen-Orient) du comportement indigne de certains universitaires algériens. Dans leur note de protestation, les universitaires algériens rappellent qu'il faut distinguer ceux des universitaires qui bénéficient d'une prise en charge de l'Etat et ceux qui partent à leurs frais. Les uns pourraient être considérés comme chargés de mission et les autres ne représentent que leur propre personne puisqu'ils ne coûtent rien à l'établissement ni au Trésor public : «L'immense majorité de ces chercheurs, à quelque titre qu'ils soient à l'étranger, ont représenté dignement leur établissement et leur pays. Une minorité d'entre eux, connus pour leurs accointances avec les décideurs, ont été faire de la figuration ou du tourisme scientifique au grand dam d'abord de leurs collègues», observent les universitaires algériens. De l'avis de ces derniers, les mesures disciplinaires ne devraient concerner que les supposés auteurs de dépassements, au vu des statuts et règlements régissant le fonctionnement des établissements universitaires (statuts de la Fonction publique, règlements intérieurs des départements, instituts, unités) et des centres de recherche. Les universitaires algériens, indignés, pensent qu'en cas de dérapage, des voies existent pour instruire ces affaires sur le plan interne. «Tout enseignant-chercheur les connaît. Les autorités de tutelle doivent assumer leurs responsabilités en faisant appel aux tribunaux administratifs ou autres pour sanctionner de tels dépassements. Aux universitaires incriminés d'assurer leur défense et de recourir aux pourvois qu'ils estiment nécessaires pour défendre leurs droits», répliquent les universitaires algériens.