La circulaire du ministère de l'Enseignement supérieur limitant les sorties des enseignants et chercheurs du supérieur à l'étranger continue de provoquer un tollé au sein de la communauté scientifique. Pour cause, depuis quelques jours que la pétition circule, 39 chercheurs et enseignants, qu'ils soient installés en Algérie ou à l'étranger, ont signé le document pour exiger l'abrogation de cette circulaire, selon un communiqué rendu public, hier. Dans ce document, les enseignants et chercheurs de l'université algérienne sont convaincus qu'“il s'agit là d'une atteinte grave aux libertés fondamentales des citoyens consignées dans la Constitution.” Ils ajoutent que “c'est également une remise en cause des libertés académiques et une atteinte à la liberté de recherche consacrée par la charte de l'Unesco et la déclaration mondiale sur l'enseignement supérieur pour le XXe siècle : vision et action, adoptée le 9 octobre 1998 par la Conférence mondiale sur l'enseignement supérieur, organisée par l'Unesco. Notre pays est un membre de l'Unesco et signataire de la charte et des textes de l'Unesco qui régissent l'activité et le fonctionnement des établissements de l'enseignement supérieur.” Dans sa pétition, la communauté scientifique rappelle aux pouvoirs publics qu'“ils sont tenus de respecter la charte et les textes de l'Unesco qui régissent l'activité académique des établissements de l'enseignement supérieur”. “Les travaux académiques et de recherche des historiens, des sociologues, des psychologues, des philosophes et de tous les enseignants-chercheurs de l'université, toutes disciplines confondues, n'ont besoin d'aucun ukase, ni d'aucune imprimatur venant de vigiles de la pensée unique. La seule et unique autorité capable de juger leurs travaux est l'autorité académique et scientifique conformément à l'étique universitaire et aux textes de l'Unesco”, souligne le document. Celui-ci revient aussi sur les raisons qui ont poussé le MERS à prendre une telle mesure. Il s'agit en fait de représailles. “Des universitaire auraient participé à des rencontre internationales (congrès, colloques, séminaires, conférences, ateliers, journées d'étude), ce qu'ils font par ailleurs depuis que l'université existe et depuis que la recherche scientifique existe en mettant en débat le résultat de leurs travaux (toutes disciplines confondues). Il semblerait qu'aux yeux des autorités de tutelle, saisies par d'autres instances (MAE en l'occurrence), des propos auraient été tenus et des positions défendues par des universitaires algériens qui iraient à l'encontre de la politique du gouvernement et des intérêts de l'Etat. On aurait également appris par voie de presse que la tutelle aurait été destinataire de plaintes d'universités ou de gouvernements étrangers (du Moyen-Orient en particulier) du comportement indigne de certains universitaires algériens bénéficiant d'ordres et de frais de mission destinés à la recherche et qui auraient été détournés de leurs fins déclarées portant ainsi préjudice à l'image de l'Algérie”, souligne encore le document signé par ces universitaires.