“Il est clair que le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique cherche à jeter la confusion en jouant avec les mots”, affirment les enseignants qui contestent la mesure ministérielle. Les universitaires algériens persistent et signent : le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) demande toujours une autorisation de sortie aux universitaires algériens désirant se rendre à des colloques à l'étranger en application d'une circulaire datée du 18 mai dernier. Dans cette circulaire, faut-il sans doute le rappeler, le secrétaire général du MESRS a ordonné aux chefs d'établissement d'enseignement supérieur et de la recherche d'informer le ministère sur “les cas de participation à des manifestations pouvant revêtir un caractère sensible afin de se prononcer sur l'opportunité et d'organiser la concertation avec le ministère des Affaires étrangères”. Ce texte a très vite suscité une levée de boucliers chez les universitaires et les chercheurs qui, par le biais d'une pétition signée également par leurs collègues étrangers, ont dénoncé une forme de censure. En réponse à cette pétition, le ministre de tutelle, M. Rachid Harraoubia, a affirmé récemment, lors d'une conférence de presse, “qu'il n'y a aucun passage dans la circulaire qui restreint ou bloque la liberté de circulation des chercheurs et enseignants algériens”. “Ce qui est demandé aux enseignants, c'est de déposer une demande d'absence auprès de leur administration au sein de l'université”, a-t-il dit, non sans sous-entendre qu'il y a des rencontres dont l'enjeu dépasse le cadre scientifique. “Aujourd'hui, oui les signataires de la pétition maintiennent que le MESRS demande une autorisation de sortie aux universitaires algériens désirant se rendre à l'étranger pour des colloques ; cette autorisation de sortie s'appelle la circulaire du MESRS du 18 mai 2010. Elle stipule et souligne textuellement dans son article 1 que toute participation à des colloques ou conférences à l'étranger est subordonnée à l'accord préalable du MESRS”, répondent les universitaires, selon un texte parvenu à la rédaction. “Il est clair que le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique cherche à jeter la confusion en jouant avec les mots”, disent-ils. Rappelant qu'ils se sont toujours astreints à certaines conditionnalités quand il s'agit de participer à un colloque à l'étranger, comme par exemple la demande d'absence. Les pétitionnaires persistent à considérer que la circulaire du mois de mai est “un oukase”. “Aujourd'hui, oui nous affirmons que le MESRS a instauré un oukase pour l'organisation des colloques-congrès-conférences en Algérie. Cet oukase s'appelle la circulaire du 18 mai 2010.” En guise d'argument, ils rappellent qu'une note de 2006 subordonne l'organisation par un établissement relevant du MESRS d'un colloque auquel participent des étrangers à une demande auprès de la direction des échanges interuniversitaires du ministère. “Cela s'appelle censure politique dans un domaine purement académique.” Sur un autre plan, les universitaires reprochent au responsable de tutelle de vouloir diviser leurs rangs. “Le MESRS répond à la pétition des universitaires algériens par des tentatives de diversion propres aux méthodes de l'ex-parti unique en dressant les étudiants contre les enseignants, et en invoquant l'ingérence étrangère”, affirment-ils. Quant aux difficultés d'obtention de visas pour les enseignants, ils suggèrent qu'il ne s'agit là que de subterfuges, en ce sens que la question peut être prise en charge par le ministère des AE. Dès lors, les pétitionnaires ne demandent rien de plus qu'une abrogation pure et simple de la circulaire.