Le texte de la circulaire du MESRS, datée du 18 mai 2010, est clair et la pétition des universitaires algériens est tout aussi claire sur tous les points soulevés. Tout un chacun peut s'y référer en consultant la presse nationale, notamment El Watan du 15 juillet 2010 (pages 8 et 9) et Liberté du dimanche 18 juillet 2010. Aujourd'hui, oui les signataires de la pétition maintiennent que le MESRS demande une autorisation de sortie aux universitaires algériens désirant se rendre à l'étranger pour des colloques ; cette autorisation de sortie s'appelle la circulaire du MESRS du 18 mai 2010. Elle stipule et souligne textuellement dans son article 1 que toute participation à des colloques ou conférences à l'étranger est subordonnée à l'accord préalable du MESRS. Il est clair que le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique cherche à jeter la confusion en jouant avec les mots. Tous les universitaires (ainsi que tous les employés des établissements relevant de la Fonction publique) savent que tout déplacement lié à des activités professionnelles ou de recherche est accompagné d'un ordre de mission, d'une demande d'absence de courte durée ou d'une demande de congé exceptionnel dont les formulaires existent au niveau de chaque établissement. Chaque universitaire est tenu de remplir ce document à en-tête avant son départ. Pour ceux qui partent en mission, la note ministérielle n°314 SM du 17 mai 2006, qui fixe les conditions s'appliquant à la coopération internationale, se contente de demander au point 5 du chapitre «Missions à l'étranger», la transmission du rapport de mission dans un délai de 48 heures après la fin de la mission. Aujourd'hui, oui nous affirmons que le MESRS a instauré un oukase pour l'organisation des colloques/congrès/conférences en Algérie, cet oukase s'appelle la circulaire du 18 mai 2010. Déjà, la note du 17 mai 2006 du MESRS subordonnait toute initiative scientifique émanant des établissements du MESRS et impliquant la participation d'universitaires étrangers, à la saisie de la direction de la coopération et des échanges inter-universitaires du ministère. Depuis, des colloques ou des conférences impliquant des universitaires algériens de renom ont été interdits sans motif. Cela s'appelle «Censure politique dans un domaine purement académique». Le MESRS répond à la pétition des universitaires algériens par des tentatives de diversion propres aux méthodes de l'ex-parti unique, en dressant les étudiants contre les enseignants et en invoquant l'ingérence étrangère. Les instances universitaires savent et veillent à ce que les heures ou les séances perdues en raison de ces absences de courte durée soient récupérées, et elles le sont effectivement par l'écrasante majorité des enseignants-chercheurs. Pour ce qui est de l'ingérence étrangère, il faut rappeler que les lettres adressées au président de la République algérienne ainsi qu'au ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique l'ont été par des organismes académiques internationaux non-gouvernementaux. Ce sont des associations internationales indépendantes auxquelles des milliers d'universitaires (y compris algériens) sont affiliés dans le seul but de faire circuler les savoirs, d'échanger les résultats de leurs recherches et de débattre de leurs découvertes. La solidarité des universitaires américains et européens avec leurs collègues algériens veut tout simplement dire qu'en 2010, la défense des libertés académiques n'a plus de frontières et que la solidarité agissante entre les universitaires du monde entier est devenue aujourd'hui une réalité. Si le MESRS s'adresse directement au collectif des universitaires signataires, à qui il est forcé de reconnaître un grand potentiel de mobilisation à l'intérieur et à l'extérieur du pays, c'est du fait que la mobilisation démocratique, unitaire et autonome de ce collectif pour la défense des libertés académiques (toutes disciplines confondues) pose un sérieux problème au MESRS. D'où la tentative de diviser les rangs des enseignants universitaires par la formule : «La circulaire ne s'adresse qu'aux sciences humaines...» Faux ! La circulaire du 18 mai 2010 est adressée et a été affichée dans tous les établissements de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Les enseignants et chercheurs des sciences exactes signataires de la pétition ne sont pas dupes et ce serait faire offense aux universitaires algériens de leur dire qu'ils n'ont pas bien compris le but déclaré de la circulaire. Concernant la difficulté d'octroi des visas aux universitaires algériens désirant se rendre à l'étranger (en Europe ou ailleurs) pour des congrès, stages etc., le MESRS se trompe de cible. C'est au ministère des Affaires étrangères de notre pays de saisir les ambassades des pays concernés pour régler ce problème. Ce n'est pas aux signataires de la pétition de le faire, ce n'est pas leur fonction ni leur rôle d'aller exiger de leurs collègues universitaires d'Europe et d'Amérique, avec qui ils ne sont liés que par des relations à caractère académique, de faire pression sur leur gouvernement. C'est pour toutes ces raisons que les signataires de la pétition maintiennent leur position de principe qui est l'abrogation pure et simple de la circulaire du 18 mai 2010.