Le livre Matoub, l'assoiffé d'azur, publié par le sociologue et dramaturge Smaïl Grim, aux éditions Mille-feuilles, est un vibrant hommage rendu au « maquisard de la culture algérienne » lâchement assassiné le 25 juin 1998 et, à travers lui, à tous ces poètes, écrivains, journalistes et chanteurs qui subirent le même sort ou payèrent de leur liberté leur engagement pour les bonnes causes. Matoub, l'assoiffé d'azur, bien écrit et foisonnant d'exemples de combats troublants de similitudes avec ceux, menés par des artistes engagés de renom, l'ouvrage de Smaïl Grim a le mérite d'avoir réussi à mettre en évidence, la portée universelle des combats multiformes menés par Matoub Lounès. La démocratie, la modernité, la reconnaissance et la promotion de la langue et de la culture berbères, les droits de l'Homme, l'égalité entre hommes et femmes, la laïcité, la lutte contre le racisme, le fanatisme religieux et le terrorisme islamique, sont en effet les thèmes récurrents de son prolifique répertoire de chansons et les causes qu'il y défend, sont celles qu'avaient défendues avant ou, en même temps que lui, des poètes aussi prestigieux que Frédérico Garcia Lorca, Nazim Hikmet, Alfred de Musset, Victor Hugo, Kateb Yacine, Victor Jara et autres. En grand maître de la chanson chaâbie, il poursuivra en les magnifiant, les luttes politiques et identitaires menées par les poètes algériens de l'émigration qui, à l'instar de Slimane Azem, Chikh El Hasnaoui, H'Nifa et Dahmane El Harrachi, avaient subi, tout comme lui, les affres de la persécution, de marginalisation et de l'exil. Matoub, l'assoiffé d'azur est enfin, un hommage, mais aussi et surtout, un message d'espoir à « la famille qui avance » étayé par une multitude d'exemples de sacrifices consentis par des poètes de la trempe de Matoub Lounès, pratiquement tous payés de retour par des avancées significatives des luttes pour la démocratie, les droits de l'homme, l'égalité des genres et la modernité, ainsi que la reconnaissance et la promotion des identités. Smaïl Grim parvient, à travers moult exemples de luttes partagées avec les plus illustres poètes, à faire rentrer Matoub Lounès dans le panthéon des grands poètes disparus. Et, on ne peut, évidemment, que lui en savoir gré.