Les prétendues relations entre les suspects et le consul de France de Annaba ont été démentis par ce dernier. Rien n'a filtré de l'affaire d'espionnage à El Tarf. On devra attendre probablement dimanche pour en savoir plus, car c'est le jour habituel des audiences au tribunal d'El Tarf. Les sources officielles autorisées n'ont pas souhaité aborder l'affaire. Même attitude à la cellule de communication du procureur général de Annaba. Affaire hors du commun, délicate et sensible, donc surdose de précautions. Mais dans les coulisses, nul ne nie que pour une affaire d'espionnage pour le compte du consulat de France de Annaba, trois hommes ont été mis sous mandat de dépôt et une femme sous contrôle judiciaire. Les quatre suspects, âgés entre 25 et 35 ans, sont de Besbès, 60 km à l'ouest du chef-lieu El Tarf et 25 km au sud de Annaba. Parmi eux se trouve un ancien militaire victime du terrorisme. C'est la jeune femme qui aurait vendu la mèche pour se venger de l'un de ses complices. Elle serait venue de son plein gré vers les services de sécurité qui, semble-t-il, enquêtent depuis un mois sur l'affaire. D'un autre côté, on apprend que les inculpés ont été appréhendés lundi dernier à El Tarf pendant qu'ils prenaient, en tant que touristes, des photos d'une caserne. L'un n'empêche pas l'autre et on aurait peut-être tendu une souricière pour avoir un flagrant délit et les embarquer sur place. Toujours selon nos sources, les prétendus espions auraient été manipulés en 2006 et 2007 par les services du consulat de France de Annaba pour obtenir des renseignements sur des sites stratégiques, le réacteur nucléaire de Aïn Oussara, la plateforme chimique de Skikda, la présidence de la République, etc., mais aussi pour répandre la rumeur que les moines assassinés ont été abattus par l'ANP, aurait encore avoué la jeune femme effrayée par les proportions prises par l'affaire dans la presse. Ils auraient été en relation directe avec un adjoint du consul de France de Annaba et ils disposaient de badges pour pouvoir aller et venir au consulat. Ils auraient également bénéficié de largesses comme un micro portable, de l'argent, etc. Le consul général de France à Annaba, William Bunel, que nous avons contacté au téléphone, nous a affirmé qu'il n'a pas encore entendu parler de cette histoire, mais qu'il allait s' en informer puisque le consul et l'un de ses adjoints sont mis en cause. « Je tombe des nues et je trouve cette histoire tout à fait farfelue », nous a encore déclaré le diplomate.