L'ancien directeur de la Tribune, journaliste de talent, jugeait «indispensable qu'il reste un contre-pouvoir dans la presse publique». Ameyar a effectué une carrière exemplaire dans de nombreuses rédactions : El Moudjahid, la Radio Chaîne III, Révolution Africaine, Algérie Actualités, La Nation et enfin La Tribune. Cet ouvrage est la dernière trace écrite que nous a laissée cet homme de plume. On peut s'interroger tout d'abord quant au sens du titre. Maloula signifie la gorge, et désigne ici plus particulièrement la fente montagneuse orientale de Mar Taqla. D'après la tradition locale, la montagne se serait fendue en deux pour libérer un passage permettant à Mar Taqla (un monastère porte actuellement son nom) d'échapper à ses poursuivants et persécuteurs, les soldats romains. Maloula est un village chrétien au nord-est de Damas et sa particularité réside dans la perpétuation de l'usage de la langue araméenne, langue parlée au Moyen-Orient il y a 2000 ans. En guise de préambule, un questionnement : «Dieu, pourquoi, y a-t-il tant de souffrance ? Ne peux-tu nous envoyer de l'aide ? – Je vous ai envoyé de l'aide, je t'ai envoyé, toi l'Homme». Le récit débute avec le voyage entrepris par un journaliste algérien. Il a en effet entamé une mission vers la Syrie, mais avant d'arriver à Damas, il passe par la ville de Maloula, lieu décrit comme «très étrange». «La vie de K. changea au détour d'une route». On ne sait rien quant à l'identité de ce personnage, excepté cette simple initiale. L'auteur s'efface, tant et si bien que le lecteur ne sait plus véritablement qui s'exprime et raconte. On reconnaît bien sûr la plume acerbe du journaliste, entre autres lorsque le narrateur aborde des problématiques diverses, évoquant notamment le mal qui mine la société. Le récit s'avère aussi l'occasion de restituer l'histoire de l'Algérie. Une histoire racontée de manière à toujours inciter le lecteur au questionnement. Kheïreddine Ameyar parvient à mêler récit et réflexion, évoquant le colonialisme, l'avènement de la Nation, tout en se dévoilant lui-même, se dissimulant derrière «K». Un livre qu'on peut percevoir comme un testament. Un roman inachevé, un écrit posthume, beau moyen de rendre hommage à l'homme comme au journaliste talentueux que fut Ameyar.