Les remboursements des frais médicaux au centre CNAS de Bouzguène ne semblent pas près de retrouver un peu de fluidité à même de soulager les patients déjà lourdement saignés par des ordonnances médicales très onéreuses. Rares sont les journées où l'on peut se frayer un chemin dans la grande salle du centre payeur. Celui-ci gère 12 000 dossiers médicaux, mais il dispose du même espace que la majorité des centres payeurs de la wilaya. L'introduction récente du système informatique et le recrutement de quelques employés pourraient améliorer les prestations et l'accueil des assurés, mais le changement se fait attendre. Pour effectuer les remboursements, les citoyens sont contraints de s'inscrire sur une liste qui est ouverte vers 4 h. Parfois, cette liste est retrouvée chez le cafetier du coin qui inscrit quelques noms de sa connaissance. Ce procédé d'inscription avant les aurores ne va pas sans créer des situations pénibles pour des femmes seules venues des lointains villages de Bouzguène, d'Illoula, d'Ath Zikki et d'Idjeur. Alors que nous passons devant le centre payeur à 5 h, dans le froid et le noir, nous avons distingué dans la pénombre du local, un groupe de femmes emmitouflées, accroupies sur la rampe d'escalier. Elles étaient silencieuses et donnaient l'impression d'avoir à la fois peur face à des énergumènes et honte d'être là à cette heure de la matinée. Ce procédé de remboursement doit être revu et corrigé dans les meilleurs délais, disent les citoyens de Bouzeguène. Alors que devant la porte du centre CNAS on retrouve à peine une vingtaine de personnes, la liste, elle, contient pas moins de 120. Les opérations d'envoi des ordonnances au contrôle médical pénalisent lourdement les malades qui se trouvent dans des situations sociales difficiles. Parfois, ces ordonnances ne reviennent plus au centre payeur. Celles dépassant les 5000 DA ne sont pas payées directement au patient, le recours au mandat ne satisfait pas toujours les assurés. Le malade attend plusieurs semaines sinon des mois pour recevoir son argent.