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Anita Desaï, entre tradition et modernité
Voyage entre deux mondes
Publié dans El Watan le 10 - 02 - 2005

Anita Desai est une romancière indienne de langue anglaise de père bengali et de mère allemande. Née en 1937, elle a commencé à écrire en 1963 et depuis elle a publié dix romans et un recueil de nouvelles, remarquables par leur qualité littéraire.
Son dernier roman « Le Jeûne et le Festin » a été sélectionné pour le Booker Prize, l'équivalent du Goncourt britannique. Il se lit avec plaisir, ce qui est l'essence même de la littérature. Le lecteur rentre subrepticement dans un monde surprenant, étonnant, dans l'intimité de l'Inde immuable, de l'Inde profonde qui se trouve être à la croisée des chemins, car les évolutions, les désirs de changement se font par à-coup. Un pas en avant, un pas en arrière, telle semble être la réalité. Le récit se déroule dans une famille de la petite bourgeoisie avec une profusion de détails qui décrivent la vie quotidienne, la vie nonchalante due à la chaleur avec pour conséquence un art de vivre où l'on passe son temps à la terrasse sirotant une citronnade ou un thé. Ainsi, le temps qui passe. L'arrivée d'un parent ou d'un voisin devient l'événement de la journée. Anita Desai raconte l'histoire de cette famille traditionnelle où le père, avocat à la retraite, dirige tout dans cette maison familiale plutôt confortable où l'on mange de la viande, un signe de modernité que le père a imposé. La famille possède une voiture et un chauffeur, même si les moyens de changer de véhicule ne sont plus disponibles. Seulement l'histoire est racontée du point de vue d'Uma, la fille aînée qui est prisonnière d'un amour étouffant de ses parents qui lui font quitter le collège afin qu'elle s'occupe de son frère Arun, arrivé sur le tard. Arun détrône ses sœurs et devient le centre du monde : c'est un garçon. La fierté de la mère après la naissance d'Arun montre combien dans la société indienne avoir un garçon est valorisant. Si la fille est accueillie sans joie, celle du garçon change le statut de la femme au sein de la famille. Uma constate ironiquement le changement d'attitude de sa mère : « Quel honneur, quelle dignité... Maman relevait un peu le menton, jetait un coup d'œil circulaire pour s'assurer que tous en étaient témoins ; on aurait dit qu'elle avait reçu une décoration ! » Le texte est conté sur ce ton, à la fois ironique et critique.
Mariage à Bombay
Le roman pose en fait une question fondamentale, celle du statut de la femme indienne qui se trouve être brimée, utilisée, maltraitée. La préoccupation de « maman et papa » (les parents ne font plus qu'un), c'est de marier leurs deux filles. Si Aruna, la cadette, réussit à avoir un beau parti à Bombay, car plus jolie et plus vive, Uma, l'aînée, a moins de chance, et ce, au grand désespoir de son père qui a dépensé beaucoup d'argent dans la dot qu'il lui a alloué. Le lecteur apprend que les filles sont une marchandise, que les parents paient pour leur mariage. Alors, les escrocs - prétendants sont nombreux et Uma devient la victime idéale puisqu'elle n'a pas de demandes en mariage. Le père d'Uma verse une dot à un prétendant qui change d'avis après avoir dépensé l'argent et Uma se retrouve sans prétendant. Puis, vient Harish d'une autre ville et la demande en mariage. Le père propose une modeste dot et Harish accepte avec empressement. Uma va dans sa famille mais lui repart travailler à Meerut où il avait en fait déjà femme et enfants. Chez sa belle-famille, Uma devient une domestique et il s'avère que l'époux a utilisé Uma pour éponger ses dettes : « Il dirigeait une fabrique pharmaceutique en déconfiture ; pour la sauver, il lui fallait de l'argent et il a donc décidé de contracter un second mariage. » Uma revient définitivement chez ses parents et n'aspire plus à se marier. Ses parents font d'elle alors une prisonnière et elle devient une domestique à leur service. D'autres histoires se greffent à celle-ci comme celle de la cousine Anamika, belle, intelligente mais ne pouvant pas avoir d'enfant, elle devient la victime de sa belle-famille, ce qui la mène au suicide. Avec le souci du détail, de la description évocatrice, Anita Desai transmet les odeurs et la vie de l'Inde profonde, l'Inde traditionnelle, en dénonçant le poids culpabilisant des familles et des traditions qui pèsent sur les filles qui ne peuvent pas échapper à leur seul destin, se marier, alors que le frère, Arun, est envoyé aux Etats-Unis pour suivre des études. Mais il n'est pas épanoui non plus à cause de ses parents trop exclusifs. La société américaine qu'il découvre est loin d'être le paradis dont tout le monde rêve. Il découvre qu'au sein de la famille américaine qui le reçoit, il n'y a pas de contact humain. La solitude est mortelle dans ce pays de l'abondance. Le racisme aussi. Entre une société traditionnelle où les rapports humains sont étouffants, mais restent cependant présents, et une société américaine moderne où le malaise social s'exprime soit par la boulimie, soit par l'anorexie, Anita Desaï pose des questions essentielles qui soulignent un monde en déséquilibre qui n'arrive pas à trouver le juste milieu pour le bonheur des femmes et des hommes.


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