De son vrai nom Rechidi Mohamed, cheikh Namous a derrière lui des années entières consacrées à la musique et au banjo dont il est devenu le maître, tenu en estime par le chantre du chaâbi, El Hadj El Anka, dont il fera partie de l'orchestre de longues années durant. Dans son exaltant cheminement, cheikh Namous côtoiera des noms de l'envergure de Sananou, Aziouez, Lebhiri, Aberrahmane Zerdi, Rezki Benichou, Bouchiba, El Hadj M'rizek, El Hadj Menouer, cheikh Marokène, sans oublier cheikh El Kourd de Annaba. Le baptème du feu a eu lieu au début des années 1940 à Koléa, où aux côtés d'El Anka, il animera une fête mémorable qui signera son intégration dans le milieu artistique. Mais sa véritable métamorphose, il la subira à la station kabyle de la radio sous la direction de cheikh Noureddine au début des années 1950. «C'est cheikh Noureddine, qui s'est sacrifié corps et âme pour l'art et la culture, qui m'a mis le pied à l'étrier avant de me titulariser en 1953. J'ai également accompagné Moh Seghir Laâma dans toutes les fêtes familiales à La Casbah». Son ascension ne subira aucun accroc. Le sobriquet qu'on lui a accolé est relayé dans les milieux artistiques et nul n'évoquera le banjo sans citer cheikh Namous. C'est ainsi qu'à l'indépendance, notre instrumentiste se fera un plaisir de répondre aux sollicitations d'El Ankis, de Amar Laâchab et surtout de Dahmane El Harrachi que Namous a lancé dans le banjo. «Nous sommes devenus inséparables, d'autant que nous étions voisins. N'oubliez pas que je suis harrachi et j'habite Diar El Djemaâ depuis 1941», fait-il savoir. Guerrouabi, Ezzahi et les chanteurs kabyles faisaient aussi partie de son répertoire. Namous s'enorgueillit d'avoir formé une kyrielle de jeunes comme Sid Ahmed Benmerad, Mustapha Touati, Boutoutou et autres Mehdi Tamache, le plus ankaoui des disciples d'El Anka, qui ne tarit pas d'éloges sur son aîné. «En parlant de cheikh Namous, je suis envahi par la nostalgie tant cet artiste a marqué la musique algérienne. Il est incontournable dans le genre chaâbi». Cheikh Namous coule une retraite paisible à la Glacière (El Harrach) où il réside dans son vieil appartement. «Je reste toujours branché sur la musique et les activités artistiques que je suis regulièrement. Dernièrement, je me suis déplacé à l'Institut national de musique pour apporter mon témoignage sur H'cicen que j'ai connu au début des années cinquante. C'était lors de l'hommage qui lui a été rendu par l'association Les amis de la Rampe Louni Arezki.» Le doyen des «banjoistes», égal à lui même, garde toute sa lucidité malgré le poids des ans. Le souhait de ses fans ? Rendre un hommage appuyé à ce jeune de 91 ans qui a tant donné à la musique algérienne. Les parties concernées seraient bien inspirées de l'honorer…