Paris. De notre correspondant Ecoles, universités, transports, hôpitaux, administration, tous les organismes publics ont fermé leurs portes. De même aussi pour le secteur privé, où de nombreux employés sont descendus dans la rue. A Paris et dans les autres villes du pays (environ 200), les rues étaient envahies par les manifestants, décidés à en découdre avec le gouvernement qui campe sur ses positions concernant ce dossier. «Non à la retraite à 62 ans» ; «J'aime la vie» ; «Travailler moins mais mieux» ; «Non à un nouveau tour de vice économique» ; «Sauvons nos retraites…». Ce sont là les quelques slogans scandés par les marcheurs évalués à plusieurs centaines de milliers. Dans la capitale française, la marche, qui a eu lieu depuis la place de la République à celle de la Nation, a rassemblé presque un million de personnes. Autant dans les autres villes de l'Hexagone. Par ailleurs, un sondage paru dimanche dernier avait déjà fait ressortir que 63% des personnes interrogées jugeaient que le mouvement de grève est justifié. Une autre enquête laissait transparaître que 70% des Français étaient également favorables à l'action d'hier. C'est la troisième grève générale décrétée par les syndicats depuis le début de l'année 2010. Dans leur collimateur : la disposition-phare du gouvernement visant à relever progressivement l'âge légal du départ à la retraite à 62 ans (contre 60 ans actuellement) et celui de l'âge du départ à taux plein à 67 ans en 2018 (contre 65 ans aujourd'hui). Le choix de mardi comme journée de protestation nationale a coïncidé avec le débat à l'Assemblée nationale sur ladite réforme présentée par le controversé ministre du Travail, Eric Woerth. Ce dernier est en effet englué depuis plus d'un mois dans une affaire de fraude fiscale liée à l'affaire de la milliardaire, Liliane Bettencourt, propriétaire de la firme de cosmétiques, l'Oréal. Hier, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT (Confédération française des travailleurs) s'est dit étonné : «Comment peut-il (Eric Woerth) gérer en même temps ses problèmes personnels (…) et la réforme des retraites ?» Il a regretté au passage le fait de ne pas aller plus dans le fond du dossier. Pour Bernard Thibault, SG de la CGT, l'un des objectifs de la grève est de remettre à plat la réforme de façon qu'elle prenne en considération plusieurs critères comme celui de la pénibilité au travail, le nombre d'années de cotisation et le fléau du chômage. Face au bras de fer qui s'annonce, le gouvernement français a accepté d'ouvrir des négociations sur plusieurs points du texte, en reconnaissant qu'il ne bougera pas trop sur les grandes variables du projet. Claude Guéant, secrétaire général de l'Élysée, a prévenu, quant à lui, que «Nicolas Sarkozy est tout à fait déterminé à aller jusqu'au bout». La réforme des retraites, projet-phare du mandat du chef de l'État, a pour objectif de juguler les déficits croissants des régimes pour parvenir à l'équilibre en 2018. Autant dire que le bras de fer gouvernement-syndicats ne fait que commencer.