Une semaine après le vote de la loi par l'Assemblée nationale, fonctionnaires et salariés sont appelés à cesser le travail et à manifester avant l'examen du texte par le Sénat à partir du 5 octobre. Nicolas Sarkozy, président impopulaire en France et affaibli en Europe après les polémiques sur les Roms, va devoir faire face aujourd'hui à une nouvelle mobilisation des salariés français contre la réforme des retraites, projet phare de sa fin de mandat. Une semaine après le vote de la loi par l'Assemblée nationale, fonctionnaires et salariés sont appelés à cesser le travail et à manifester avant l'examen du texte par le Sénat à partir du 5 octobre. Les syndicats français et la gauche affirment qu'un recul de l'exécutif est encore possible, et cherchent à faire monter la pression. «Si le gouvernement reste sourd une nouvelle fois, nous n'en resterons pas là», prévient, hier, dans le journal Le Parisien, le n°1 du syndicat Cfdt (réformiste), François Chérèque. Les syndicats espèrent une mobilisation supérieure à celle de la précédente journée de grèves et de manifestations du 7 septembre: plus d'un million de manifestants, selon la police, jusqu'à 2,7 millions selon eux. Les grèves devraient fortement perturber les services publics, en particulier dans l'éducation et les transports. Dans les chemins de fer, un train sur deux circulera en France en moyenne, mais le trafic sera normal ou quasi-normal vers Londres (Eurostar) et Bruxelles-Amsterdam (Thalys). La journée sera un test pour les syndicats, qui doivent faire mieux que le 7 septembre pour espérer faire bouger le gouvernement et pour Nicolas Sarkozy, jusqu'à présent inflexible et dont les chances de réélection en 2012 dépendent en partie de cette réforme. «Il faut arrêter de dire aux Français qu'on peut aller encore plus loin et tout financer par l'impôt», a répété le ministre du Travail, Eric Woerth. Selon lui, seul l'allongement de la vie active peut assurer la pérennité du système français de retraite par répartition, dans lequel les pensions des plus âgés sont payées par les cotisations des plus jeunes. Malgré ses démêlés dans une affaire liée à la milliardaire Liliane Bettencourt, où il est, entre autres, soupçonné de conflits d'intérêts, Eric Woerth compte défendre la réforme devant les sénateurs et rester ferme sur le recul de l'âge de la retraite. Selon un sondage réalisé pour la CGT par l'institut CSA, 70% des Français ne sont «pas d'accord» avec le coeur de la réforme, c'est-à-dire le report de 60 à 62 ans de l'âge minimum de départ à la retraite. A deux ans de la présidentielle, Nicolas Sarkozy voit aussi sa cote de popularité chuter à 32% d'opinions favorables, selon un sondage paru le week-end dernier dans le Journal du dimanche. Mais la droite estime la réforme indispensable pour mettre fin à des années de laisser-aller dans la gestion des comptes publics, au moment où la lutte contre les déficits redevient une priorité. Les besoins de financement pour sauver le système des retraites sont estimés à 70 milliards d'euros d'ici à 2030. Eric Woerth a toutefois laissé entrevoir des mesures en faveur des handicapés, des femmes et des chômeurs âgés. Après les manifestations massives du 7 septembre, Nicolas Sarkozy avait concédé lui-même quelques aménagements pour ceux qui ont eu un métier pénible ou ont commencé à travailler jeunes. Le pouvoir peut aussi compter sur la relative fragilité du front social. Les syndicats sont pour l'instant unis, mais certaines centrales estiment que les journées de mobilisation à répétition ne seront pas suffisantes, et elles prônent des grèves générales reconductibles pour faire plier le gouvernement.