Alors que le constructeur Airbus recommande de remplacer les sondes Pitot Thales sur ses modèles A330 et A340 par des sondes Pitot Goodrich, américaines de facture, Air Algérie rassure et affirme que les cinq Airbus A330 de sa flotte aérienne sont d'ores et déjà équipés de ces sondes américaines. Lors du crash de l'Airbus d'Air France et lorsque les premières hypothèses incriminant les Pitot Thales ont été avancées, la première opération effectuée par nos équipes a été de procéder au contrôle de tous nos avions. Nous avons relevé les numéros de série de l'ensemble des sondes Pitot pour vérification », rapporte M. Merrouch, directeur technique de la compagnie aérienne. Il s'avère que la totalité de la flotte d'Air Algérie ne présente aucun danger puisque les sondes Pitot Goodrich « fonctionnent selon un concept complètement différent des Thales et de ce fait, elles sont exemptes de tout soupçon », affirme-t-il. Qu'est-il reproché à ces sondes Pitot Thales ? « Tout est question de diamètre des alvéoles d'évacuation à l'intérieur de la sonde, qui servent de drain pour l'eau et l'humidité accumulée. Lorsqu'ils sont trop petits, comme c'est le cas pour les Pitot Thales, le liquide n'est pas entièrement vidangé. Et si les sondes Pitot, qui permettent de mesurer la pression subie par l'avion pour en déduire sa vitesse sont encrassées, une mesure incorrecte de vitesse peut être fournie aux pilotes, ce qui risque d'entraîner des défaillances techniques et des accidents », explique le directeur technique. D'ailleurs, ajoute M. Merrouch, les sondes Pitot Thales, dans leur nouvelle version, présentent des diamètres d'alvéoles beaucoup plus importants, à l'instar des Goodrich, pour lesquelles aucun accident ou incident n'a été, jusqu'à ce jour, répertorié. Cependant, l'avance d'Air Algérie ne semble être que le fruit du hasard, puisque, selon Airbus, les sondes Pitot Goodrich sont l'équipement « standard » sur ses A330 et A340, les modèles fabriqués par Thales constituant une « option » alternative. Ce qui explique que la grande majorité des compagnies aériennes soit d'ores et déjà équipée des produits américains, à l'instar de la flotte algérienne. Les appareils concernés par ce renouvellement ne représentent qu'à peu près deux cents long-courriers ; nombre d'entres eux sont utilisés par la compagnie aérienne française Air France, dont l'un des vols avait connu une telle défaillance le 1er juin, faisant 228 morts. Cette dernière est la seule compagnie à répondre « officiellement » à ces instructions. Elle n'a d'ailleurs pas tardé à réagir aux recommandations émises, hier, par Airbus, et qui préconisent de remplacer « au moins deux sur trois des sondes installées sur chaque appareil ». Dans une déclaration faite seulement quelques heures après celle d'Airbus, Air France affirme qu'elle procédera à ces modifications dès la semaine prochaine. De même, l'Agence européenne de sûreté aérienne (AESA) a annoncé qu'elle allait ordonner le remplacement des sondes incriminées, et ce, par le biais d'une proposition de texte contraignant, en cours d'élaboration, qui devrait être publié dans la quinzaine à venir.