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La démarche suivie n'est ni sincère ni viable
Publié dans El Watan le 29 - 09 - 2010

Cela s'est traduit précisément, en termes institutionnels, par une subordination dans la transparence des militaires à une autorité civile responsable – c'est-à-dire tenue de rendre des comptes à la seule entité souveraine dans un régime démocratique : le peuple. Comme dans ces pays, chez nous, une réforme institutionnelle ne peut venir à bout, à elle seule, de l'autoritarisme social construit depuis plus de 40 ans et en vertu duquel une part d'arbitraire et de passe-droits de la majorité des acteurs sociaux et politiques est plus qu'acceptable, voire normale.
La démocratisation de la vie politique passe obligatoirement par la fin de ces privilèges ; c'est-à-dire que ces acteurs dont il est question et qu'il convient d'appeler les élites cessent de compter sur des moyens extralégaux et extrajudiciaires pour protéger leurs intérêts. C'est ainsi et seulement ainsi, lorsque ces élites ne se considérant plus au-dessus de la loi que la demande populaire peut trouver une expression à travers des voies institutionnelles. Sur un autre plan, longtemps marginalisés et violentés, de larges secteurs de la population ont besoin de construire une autre mémoire politique pour accéder à la citoyenneté. Cela appelle une stratégie de transformations sociales qui doivent viser la reconstruction des relations politiques et sociales déjà perverties par le parti unique et malmenées par un conflit armé sanglant.
C'est cela qui devrait être la substance d'une réconciliation nationale. Elle ne pouvait signifier une réconciliation de tout le monde avec tout le monde pour un nouveau statu quo, sinon elle ne fait que reconduire un ordre qui ressemble plus à l'autoritaire unicité installée par le parti unique qui à elle-même conduit à cette impasse sanglante. La réconciliation n'est pas la fin des clivages, la vouloir ou la concevoir ainsi, c'est préparer son échec car les causes des conflits sont toujours présentes. Dépasser ces conflits, c'est mettre en place un cadre qui permet leur expression sans violence.
Le décalage du contenu du texte portant charte dite «pour la paix et la réconciliation nationale» par rapport à une démarche soucieuse de tourner la page et d'engager la nation entière sur la voie du développement ne peut être mieux symbolisé que dans le traitement réservé au dossier des disparus. De fait, la prise en charge de ce traumatisme qui devait être consensuel et graduel a rapidement viré à une impasse à cause de l'arrogant autoritarisme affiché par le chef d'Etat, repris dans le texte, relayé ensuite par tous les acteurs officiels ou assimilés comme tels et qui veut que tout ce que fait le pouvoir est la meilleure et la seule démarche à suivre.
Défendre les victimes
Qu'il soit bien compris que la problématique ici n'est pas de punir les coupables,, mais de défendre les victimes, et dans le conflit, il y a des victimes directes et des victimes indirectes. Si la notion de victimes directes est claire, les victimes indirectes sont tous les citoyens qui ont peur de subir eux-mêmes, des membres de leurs familles ou des amis le même sort ; c'est être assassiné, être enlevé et disparaître ou subir la torture. Cette dernière catégorie de victimes représente à peu près l'ensemble de la communauté nationale.
Le sens de l'injustice ressenti par les familles des disparus, enlevés par les corps constitués de l'Etat ou les groupes terroristes islamistes, dans le déni de vérité qui leur a été opposé est exacerbé par le processus de réconciliation lui-même.
Décréter purement et simplement l'absolution générale pour les crimes des terroristes islamistes et l'impunité de fait pour les responsables des disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires et de la torture est rarement le remède pour mettre fin à un conflit et tourner la page.Le XXe siècle est jalonné de conflits et de guerres de toutes sortes, mais il est difficile de trouver un traitement équivalent à cette espèce de «il ne s'est rien passé» codifié par la charte dite «pour la paix et la réconciliation nationale».
Pourtant, il est illusoire de croire qu'on peut prendre en charge un dossier aussi lourd sans au minimum la reconnaissance publique des souffrances et des responsabilités pour redonner une dignité à toutes les victimes directes. Et dans un deuxième temps, le soutien matériel sans aucune condition et la recherche de la réparation des dommages autant que possible avant de répondre à la demande de toutes les victimes directes et indirectes sur qu'est-ce qui s'était passé, pourquoi et quels sont les responsables pour réduire la possibilité que de tels agissements se reproduisent.
Que doivent penser les familles auxquelles on demande, comme c'est le cas aujourd'hui, de signer des PV de la gendarmerie, dans lesquels il est mentionné que le disparu est mort «lors d'un accrochage avec les forces de sécurité» alors qu'il a été interpellé du domicile ou de son lieu de travail avant de disparaître ?
Poser autrement la question c'est dire qu'est-ce qui a changé depuis ou alors plus généralement : est-ce que aujourd'hui les citoyens algériens anonymes qui ne se sentent pas en totale sécurité dans un commissariat de police ou une brigade de gendarmerie sont rares après que des centaines qui y sont passés sont aujourd'hui portés disparus ?
La légèreté déconcertante avec laquelle répond Farouk Ksentini et consorts aux angoisses des familles démontre que la démarche de l'Etat n'est pas sincère. Alors que les familles qui répondent aux convocations des brigades de gendarmerie savent que des centaines d'entre elles ont refusé et refusent les indemnisations comme elles le vérifient sur les listes exhibées par les brigadiers, le zèle de ces fonctionnaires va jusqu'à effacer des statistiques mêmes les dizaines de familles qui se rassemblent tous les mercredis au siège de l'ex ONDH pour exiger la vérité et la justice.
Alors que des mères, encore traumatisées, trouvent dans ce rassemblement un moyen de se sentir moins coupables de leur échec de connaître la vérité, le président de la CNCPPDH qui ne condamne pas leur passage à tabac par la police se substitue au ministère de l'Intérieur pour rappeler à ces vielles femmes que le pays vit sous l'Etat d'urgence, c'est plus qu'un aveuglement de croire que ce dossier est clos par le simple fait de sa criminalisation administrative ? Farouk Ksentini dit que l'Etat ne peut pas organiser des procès contre lui-même et qu'il n'existe pas de documents pour poursuivre les auteurs des enlèvements. Notons au passage que la confusion entre l'Etat et le pouvoir est probablement voulue.
Pour le reste, seule la justice peut constater une éventuelle absence de documents. Des témoignages écrits en possession d'associations et d'avocats relatent avec force détails le traitement par des citoyens interpellés et qui ont transité par des commissariats ou des casernes avant qu'ils ne soient portés disparus. D'autres témoignages relatifs à des charniers de victimes des groupes terroristes islamistes sont aussi nombreux. Ces dossiers ne méritent-ils pas d'être traités par la justice ?La vérité, certes plus dure, est plus productive.
Quelle armée au monde qui est confrontée à un péril ne commet pas de bavures ? Personne ne peut le croire. L'impunité de fait imposée par la charte dite «pour la paix et la réconciliation nationale» empêche que les mécanismes qui ont présidé à des disparitions à cette échelle soient connus des Algériens dans le but d'éviter qu'ils ne se reproduisent. Que les islamistes algériens aient pris les armes pour éliminer les obstacles sur la voie de l'avènement d'un Etat islamique et que le crime «des impies», est la substance même de leur propagande pour l'exaltation des troupes au combat est aussi un fait. Si un mécanisme de réconciliation doit voir le jour, il ne peut certainement pas s'appuyer sur une notion d'égarement.
Une réconciliation nationale ne peut enterrer le passé par sa simple négation, de même que le pardon des victimes, nécessaires pour tourner la page, ne peut être un acte abstrait. La repentance des bourreaux et donc la vérité conditionne ce pardon. Les chiffres et autres statistiques, servis par la CCNPPDH sur un prétendu règlement de la question des disparus alors que la commission de suivi de la charte dite pour la paix et la réconciliation nationale n'a pas rendu public le moindre document jusqu'à présent, ne trompent personne.• Les instances de l'ONU qui viennent d'être destinataires par l'association Machaal (enfants de disparus) de Jijel d'une autre liste de 140 personnes disparues avec tous les documents prouvant l'identité de leurs ravisseurs savent que l'écrasante majorité des familles ne veulent pas renoncer à la connaissance de la vérité.
• L'opinion publique nationale sait que «le silence» des victimes et des militants des droits de l'homme est le résultat du recul dramatique des libertés.
Fondée ou non, l'inquiétude et la peur de revoir la violence est présente dans la mémoire collective. Des journaux l'expriment régulièrement après un attentat spectaculaire ou qui vise une personnalité.
Alors qu'est-ce qui a vraiment changé ?


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