Le Collectif des familles de disparus en Algérie (Cfda) et SOS Disparus accueillent avec satisfaction le rapport annuel de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh). Il invite les pouvoirs publics à «instaurer un dialogue avec les familles de disparus». Les familles se réjouissent notamment que le rapport appelle les autorités à donner «toutes les explications nécessaires» aux interrogations des familles. Toutefois, ces dernières ne se départissent pas de leur revendication essentielle, à savoir obtenir toute la vérité sur le sort des disparus. Cette exigence est même réitérée à l'occasion de la publication du document de la Cncppdh qui accorde enfin à cette catégorie de victimes de la tragédie nationale le droit de tout savoir sur les circonstances ayant conduit à la disparition brutale des leurs. Ils estiment que le procès-verbal de Farouk Ksentini est assez courageux et permet enfin d'entrevoir la possibilité de demander aux autorités une réponse sérieuse et conforme aux recommandations et constatations des différents comités de l'ONU. De même, poursuivent-ils, sans avoir besoin d'un quelconque dialogue, les autorités pourraient entreprendre l'identification par des tests ADN des milliers de personnes enterrées sous X dans plusieurs cimetières du pays, dont celui d'El Alia, à Alger. Dès 2002, dans un mémorandum2 adressé à M.Ksentini et sa Cncppdh, les familles de disparus présentaient leurs propositions pour un règlement juste du dossier des disparus. Elles y réclamaient que la responsabilité de l'Etat soit reconnue, qu'une véritable politique nationale de réhabilitation des familles des victimes ainsi qu'un processus d'établissement de la vérité sur les disparitions forcées soient mis en place et que l'indemnisation ne puisse à aucun moment remplacer et être exclusive de ce processus de vérité. Depuis, le Cfda et SOS Disparus ont eu à déplorer les initiatives entreprises par les autorités algériennes, dont la pièce maîtresse est la Charte dite pour la paix et la réconciliation nationale et ses textes d'application. Ces derniers formalisent une politique de leurre basée sur des indemnisations mineures accordées aux familles conditionnées par l'obtention d'un jugement de décès de leur proche alors même qu'aucune enquête n'est menée. En plus de cette condition qui s'apparente à un chantage - les indemnisations sans la vérité - ces textes consacrent l'impunité des auteurs de disparitions forcées mais aussi celle d'auteurs d'autres crimes graves comme la torture ou les assassinats extrajudiciaires, qu'il s'agisse de membres des services de sécurité de l'Etat ou de membres des groupes islamistes armés. Enfin, ces textes répriment et pénalisent le débat public sur les violations massives des droits de l'homme commises durant les années 1990. Confrontées à ces textes qui entravent leurs droits fondamentaux, les familles de disparus n'ont pas cessé d'inviter les autorités au dialogue, notamment en faisant des propositions dans une charte alternative qui, quant à elle, s'appuie sur les conventions internationales de protection des droits de l'homme ratifiées souverainement par l'Algérie.