Il est parti dans la nuit sur la pointe des pieds pour ne déranger personne. Merzak El Bereh, le dernier crieur public de la ville, a tiré sa révérence, mardi dernier, à l'âge de 70 ans. Il a été accompagné à sa dernière demeure par une foule nombreuse. De son vrai nom, Benaïssa Merzak, il faisait partie d'une époque aujourd'hui révolue. Personnage d'un tempérament bon vivant et rieur, il avait l'esprit gai. Il était surtout sollicité pour annoncer les décès, la disparition d'enfants ou d'animaux, la perte d'objets, mais jamais pour les fêtes et les mariages. Il était connu pour son éternel refrain : « Ya Daïm » (l'Eternel). Il était estimé par la population, surtout pour ses nombreuses références aux us et coutumes de la région, et jouissait d'une grande culture pour quelqu'un qui savait à peine lire et écrire. Chanteur par occasion, Merzak El Bereh avait la nostalgie au cœur en évoquant le bon vieux temps. Désormais, El Bereh, auquel nous nous sommes habitués depuis plus d'un demi-siècle, appartient à l'Histoire et au souvenir.