A quelques semaines de « Essama », la période la plus torride de l'été oasien, l'entame du mois de juillet a été mise à profit par les plantes grimpantes et autres bougainvilliers plantés naguère dans le faubourg de Dhalâa, pour illuminer, dans un festival de couleurs éclatantes, rouge, rose et lilas, les façades de ce qu'il est convenu d'appeler en matière d'histoire de l'urbanisme local le premier damier… indigène de la ville de Biskra. Le pittoresque lotissement Ferhat, du nom de son premier promoteur, jouxte le centre-ville et mérite à la fois le détour et l'appellation « oasis bleue » qu'il doit à l'initiative d'un jeune entrepreneur, Adlène Menani, pour ne pas le nommer, lequel a réussi le tour de force de rassembler amis et voisins autour de l'objectif principal de l'association de quartier qu'il préside et à qui il consacre un temps fou et beaucoup d'argent. « Faire de notre houma un endroit où il fait bon vivre, comme à la belle époque », a confié un résidant de Dhalaâ. Pour ce faire, toutes les bonnes volontés sont constamment mobilisées afin que les rues calmes de ce quartier-habité en majorité par des gens qui se connaissent depuis au moins deux générations-restent propres H 24, sans attendre le passage…aléatoire des bennes du service municipal de nettoiement. Au début de ce grand défi à l'immobilisme, après avoir terminé le ravalement de la majorité des murs et façades des vieilles maison de ce quartier, construit il y a plus d'un siècle, portes et fenêtres ont été -d'un commun accord-peints en bleu. Enfin, et c'est le plus important, chacun avait procédé, devant chez lui, à la plantation de bougainvilliers, de ficus, de lierres, de jasmin et autres plantes dont les verdoyantes et odorantes ramures ont grimpé le long des façades.On a surtout pris soin d'en protéger les tiges par des tuteurs grillagés. Le résultat, après des mois et parfois des années de patience et de soins assidus, ne s'est pas fait attendre : le lotissement Ferhat, ou bien Dhalaâ qui, entre-temps a fait des émules et dont peut s'enorgueillir la reine des Ziban, tous les Biskris en conviennent, est devenu le quartier fleuri et qui plus est, le plus verdoyant et en cette époque de début de canicule, et par ailleurs, le plus frais, et ce grâce à l'arrosage traditionnel à grand eau des trottoirs et des rues, le matin de bonne heure et en fin d'après-midi, créant ainsi un mini-climat et rappelant aux anciens ce qu'était Biskra avant le triomphe ostentatoire du béton et la quasi-disparition d'une valeur inestimable appelée communément l'urbanité.