La restriction du crédit à la consommation, base de l'économie de marché, est-elle la solution ? De l'avis du professeur Mebtoul, l'amélioration du pouvoir d'achat des Algériens passera par le retour à une croissance et par les exportations hors hydrocarbures relevant essentiellement de l'entreprise et son fondement, une gouvernance rénovée tant centrale que locale, et la valorisation du savoir en levant toutes les contraintes d'environnement. Le blocage étant d'ordre systémique devant forcément approfondir les mutations structurelles, notamment éviter cette instabilité juridique qui désécurise tout investisseur sérieux. Et s'est-on demandé pourquoi les concessionnaires n'ont pas investi en Algérie où, il faut être réaliste, avec l'effet de la crise mondiale et toutes les restructurations en cours (dont les voitures propres) pour un marché d'automobiles, on n'investit pas pour un petit pays mais pour une grande région. N'est-ce pas dû au terrorisme bureaucratique, toujours selon l'expert, que cette sclérose du système financier -lieu de redistribution de la rente-, ce système socio-éducatif non adapté, les universités étant une usine à fabriquer des chômeurs potentiels, sans compter les importantes déperditions du primaire au secondaire, malgré des dépenses importantes supportées par le budget de l'Etat, ce système foncier inadapté etc. En effet, outre le fait que l'on ne doit pas faire l'erreur stratégique de confondre le retour à l'étatisme des années 1970 et l'importance de l'Etat régulateur, étant dans une économie de plus en plus ouverte (un entrepreneur investisseur étranger ou algérien qui veut investir à l'étranger dans le cadre de l'internationalisation qui crée 10 milliards de dollars de valeur interne et qui expatrie 6 à 7, est profitable pour l'Algérie). Aussi, il s'agit de mettre en place des mécanismes transparents qui favorisent la création de valeur ajoutée interne loin des mesures administratives autoritaires de peu d'effets sur la société, ce qui suppose une autre culture économique propre du XXIe siècle. Aussi, la raison du processus inflationniste et la faiblesse de l'investissement utile me semblent être profondément liées à la logique biaisée de l'accumulation. Car depuis 1986, l'Algérie est dans une interminable transition qui n'est ni une économie étatisée ni une véritable économie de marché concurrentielle, expliquant le peu d'efficacité de la régulation politique, sociale et économique. Aussi, enchaîne le Pr Mebtoul, la dernière mesure gouvernementale de mettre fin au crédit à la consommation excepté pour l'immobilier peut s'avérer d'un impact limité si l'on reste dans le statu quo actuel : absence de vision du développement par l'adaptation de l'Algérie aux nouvelles mutations mondiales, et ce, en évitant de miser sur l'unique dépense monétaire et uniquement sur les infrastructures qui ne sont qu'un moyen de développement. L'expérience de l'Espagne qui a misé sur ce segment et dont l'économie s'est écroulée avec la crise est à méditer. Cette mesure, au lieu de résoudre le problème à la racine, risque de l'amplifier à terme, car étant basée sur une vision purement monétaire et commerciale (limiter la détérioration des réserves de change et restreindre les importations).