A l'instar de bien d'autres belles choses en Algérie, l'artisanat était, des décennies durant, quasiment moribond. Dans un sursaut qui se veut salvateur, une infrastructure, de création relativement récente (2005) a été mise sur pied dans la wilaya de Constantine, qui était du reste renommée pour ses belles traditions et son savoir-vivre en matière de décoration et de raffinement. L'on recense plus de 5000 artisans au niveau de la wilaya, exerçant dans trois groupes d'activité : l'artisanat d'art avec notamment la dinanderie, la broderie, l'habit traditionnel, la poterie, etc., avec 1 069 artisans, l'artisanat de service, 2 557, englobant certains métiers, de la coiffure, à la pâtisserie, en passant par la mécanique, et celui de production, avec 2 107 artisans. Ceci, en plus de 8 000 moyennes et petites entreprises (PME) réparties sur le territoire de la wilaya. La direction de la PME et de l'artisanat de la wilaya de Constantine est donc une matérialisation du tout nouvel intérêt accordé par les pouvoirs publics à ce secteur qui était réellement en déperdition. Cependant, et en l'absence d'une réelle volonté de promotion du tourisme, étroitement lié à l'artisanat, ce dernier ne jouit pas encore de la place de choix qu'il mérite, à l'instar des pays voisins, où le domaine est plutôt florissant. L'activité est caractérisée par une certaine fragilité, due, selon certains artisans, à la cherté de la matière première (importée), laquelle se répercute sur les prix de revient et de vente du produit, et à bien d'autres contraintes, à commencer par les locaux, très éloignés du public, les difficultés de commercialisation, les problèmes d'exposition… Certains artisans recourent à la sous-traitance pour écouler leur produit, et de ce fait se retrouvent exploités par des revendeurs ayant plus d'opportunités matérielles. Pour aider et encourager ces artisans, et par là même promouvoir et perpétuer cette forme d'art, un projet pour la réalisation d'une maison de l'artisanat est d'ores et déjà mis sur les rails puisque le lieu en est tout désigné au terrain Tenoudji, sis à la cité Emir Abdelkader, ex-Faubourg Lamy. Le programme, dont l'étude préalable le donnait pour très ambitieux, s'est vu réduire et se placer dans une perspective plus modeste avec une première estimation approximative (en 2007) de 1,3 MDA (millions). « Même réduite, dira Tarek Habati, directeur intérimaire à la direction de la PME et de l'artisanat, la structure devrait tout de même répondre aux besoins, surtout qu'elle sera jouxtée par un musée de l'artisan où sera exposé et valorisé le produit fait main ; ceci permettra de faire connaître le patrimoine culturel de Constantine, par ailleurs très riche ». Les travaux de cette infrastructure seront lancés incessamment et devront durer en principe, selon notre interlocuteur, 10 à 12 mois. Celui-ci explique en outre la mission impartie aussi bien à la maison de l'artisanat qu'au musée de l'artisan. Il dira à ce propos : « La première sera un lieu permanent pour les rencontres et les échanges entre artisans, qui seront assurés de la commercialisation de leurs produits. Ce sera aussi l'occasion de soutenir certains métiers et en faire revivre d'autres ; on prévoit des cycles de formation au bénéfice des artisans, en plus de conférences et autres séminaires. Le musée, quant à lui, devra s'articuler sur la recherche technique et artistique avec une documentation variée en plus de la constitution d'une collection de base, comprenant l'art ancien et moderne. » Le tout-Constantine est tenu en haleine par ce projet, dont l'implantation est heureuse sachant sa relative proximité avec la ville et sa facilité d'accès.