Des syndicalistes et fonctionnaires de différents secteurs ont critiqué hier le flou qui entoure le réaménagement du nouveau week-end semi- universel ainsi que les dernières déclarations ambiguës sur la question. « Le gouvernement doit avoir le courage de sa politique. Soit il applique, au sens propre du terme, le week-end universel ou le week-end semi-universel, soit il s'abstient d'opérer un quelconque changement », s'accordent à dire beaucoup d'entre eux. Le professeur Djidjli, porte-parole du Syndicat des professeurs et docents, estime que le pouvoir a partagé la poire en deux, car il n'ose pas prendre de décisions complètes. « Pourquoi cette politique mi-figue, mi-raisin. Certes, nous ne contestons pas cette petite avancée qui reste insuffisante, mais pourquoi avoir attendu vingt ans pour instaurer un week-end semi-universel. Faut-il attendre vingt autres années pour avoir le week-end universel », a affirmé, déçu, M. Djidjli. Pour ce professeur, le problème en Algérie réside dans l'absence de communication, de pédagogie et de concertation. L'Etat, fulmine M. Djidjli, a la mentalité de l'autoritarisme et du paternalisme. « Nous n'avons pas un espace de concertation pour débattre des sujets aussi importants. L'APN et le Conseil de la nation, qui sont les lieux de débat, ne jouent pas ce rôle, les autres créneaux sont absents et le pouvoir, sans aucune inquiétude, légifère entre deux sessions par ordonnance. Ce n'est pas normal », déclare notre interlocuteur. Malek Rahmani, responsable du Conseil national de l'enseignement supérieur (Cnes) s'est dit outré et étonné par les propos tenus par le ministre de tutelle sur la question du week-end. « Nous n'avons rien compris aux déclarations de notre ministre », lance le responsable du Cnes. Il est, de son avis, incompréhensible de décréter vendredi journée de repos et laisser le soin aux établissements universitaires de décider du sort de la journée de samedi, et ce, pendant que toutes les institutions sont en congé. « Si l'université est fermée le vendredi, c'est une aberration puisque les étudiants perdront une demi-journée, mais tant que les modalités ne sont pas fixées, nous ne pouvons rien dire, car nous n'avons rien compris, ce n'est pas clair. C'est le flou », a souligné M. Rahmani. Pour le moment, les responsables du Cnes pensent que le nouveau réaménagement est une question technique qui trouvera probablement une solution tôt ou tard, d'autant plus qu'il existe le code du travail qui régit toutes sortes d'activité. « Nous allons attendre la rentrée universitaire pour réagir à cette nouvelle donne », affirment-ils. Du côté de l'éducation nationale, M. Meriane, leader du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) qualifie d'insensé le fait de décréter deux journées de repos (vendredi et samedi). Dans ce cas, s'est interrogé M. Meriane, pourquoi avoir opéré des changements. Du point de vue de cet enseignant, cette transposition ne devrait pas déranger ni perturber le mode de vie des Algériens, ce réaménagement devrait bien au contraire améliorer la situation du pays sur le plan économique. Dans le secteur de l'éducation il est quasiment impossible en termes pédagogiques de fermer les établissements scolaires le vendredi matin. Cela causera des désagréments et bousculera les élèves. « Nous avons un volume horaire que nous devons calculer sur le nouveau réaménagement, donc cela ne devrait pas poser de problèmes. Les élèves des trois cycles seront dispensés des cours le mardi après-midi au lieu de lundi », a expliqué M. Meriane, qui observe qu'il sera difficile et pédagogiquement incorrect de ne pas travailler et de ne pas utiliser les quatre heures de vendredi. M. Meriane ne comprend pas lui aussi la décision du ministre de l'Enseignement supérieur. « Dans le secteur de l'éducation, plus particulièrement dans les cycles moyen et secondaire, les cours et l'emploi du temps doivent s'étaler sur les six jours de la semaine », note notre interlocuteur qui fera remarquer qu'en 1967 il y avait un réaménagement et cela n'a pas perturbé le quotidien des Algériens. « Il y aura une translation vers une nouvelle semaine et le vendredi ne devrait pas être un handicap. Les gens doivent juste s'organiser », pense le responsable du Snapest. Il rappelle que ce qui a poussé le gouvernement à recourir au week-end semi-universel notamment sont les pertes que subit le pays sur le plan économique. « Et si l'on est amené à se reposer deux jours, nous aurons fait un pas en avant et deux pas en arrière... »